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Antonine Maillet était de ces personnes, n’est-ce pas, qui semblent éternelles. C’est tout un pan de l’histoire qui se dissipe avec elle, mais heureusement, ses mots résonneront encore longtemps dans toute la francophonie.
Née au Nouveau-Brunswick en 1929, dans le village de Bouctouche, Antonine Maillet grandit dans une famille nombreuse. Ses parents, tous les deux enseignants, inculquent à leurs enfants la fierté d’être Acadiens. Après l’obtention de son baccalauréat en arts, Antonine Maillet devient religieuse pendant quelques années où elle enseignera la littérature tout en poursuivant ses études. Elle obtiendra ainsi sa maîtrise, toujours en arts. Elle écrit ses premières pièces de théâtre à la fin des années 1950 pour ses élèves, soit Entracte et Poire-Acre, pour lequel elle remportera son premier prix littéraire. Elle écrit ensuite son premier roman, Pointe-aux-Coques, pour lequel elle reçoit le prix Champlain. Elle quitte alors sa congrégation religieuse, souhaitant s’émanciper et retrouver sa liberté de pensée et d’action.
Après une licence en lettres, Antonine Maillet part à Paris pour étudier Rabelais. Elle y puise les bases de sa thèse de doctorat, qui fait un parallèle entre le français de Rabelais et le français acadien. Elle entreprend également ses recherches sur le folklore acadien tout en enseignant, notamment à l’Université de Moncton. C’est en 1971 qu’elle écrit la pièce La Sagouine, jouée par Viola Léger et devenue l’emblème de l’Acadie.
Antonine Maillet est la seule Canadienne et la première personne non européenne à remporter le prix Goncourt, en 1979, pour Pélagie-la-charrette. Autrice d’une cinquantaine de titres traduits en plusieurs langues, Antonine Maillet a donné une voix aux Acadiens et aux Acadiennes, leur octroyant le droit d’exister et de revendiquer la couleur de leur langue, de leur vocabulaire. Son apport à la francophonie a rayonné au-delà des frontières et lui a fait remporter de nombreux prix et distinctions.
Si on peut découvrir ses textes plus anciens dans Œuvres, publiés en deux tomes chez Leméac, Antonine Maillet a continué d’écrire; elle n’aura jamais lâché sa plume. Ces dernières années, elle a publié Fabliau des Temps Nouveaux, Mon testament et au printemps dernier, Le roi Ovide XIX. On peut également découvrir son œuvre en format de poche dans la Bibliothèque québécoise, notamment Le huitième jour, Les Cordes-de-bois, Clin d’œil au temps qui passe et Mariaagélas.
Antonine Maillet est décédée à 95 ans, le 17 février, à Montréal. Toutes nos condoléances à ses proches, ainsi qu’à toute la communauté acadienne.
Une entrevue avec Antonine Maillet, réalisée par Samuel Larochelle, avait été publiée entre nos pages en 2022. Pour la relire, c’est ici.