Source : Le Devoir
Sous la superbe illustration de Jimmy Beaulieu qui orne la couverture du deuxième roman de Francis Juteau se cache une truculente chronique de la vie montréalaise, une suite de péripéties rosemontoises et hivernales où évoluent une galerie de personnages pittoresques et quelques adorables chats de ruelles. À 32 ans, au volant de sa Tercel, Karl est livreur de pizza. En couple avec la rousse Charlie depuis deux ans, le barbu narrateur est ce qu’il est convenu d’appeler un antihéros, un type surqualifié pour son travail, souffrant d’une sérieuse dépendance à la pornographie, une sorte de champion de l’autosabotage, mais dont l’humanité est tout à fait irrésistible. Celles et ceux qui connaissent l’univers de Juteau, notamment les livres pour le moins sensuels qu’il a coécrits avec Alice Lacroix, ne seront pas dépaysés. Décrire un milieu populaire avec humour, mais sans éviter les enjeux graves, sans caricaturer et sans porter de jugement, c’est le défi que relève haut la main ce roman dont les protagonistes attachants nous manquent déjà.
Antonio Pizza
★★★ 1/2
Francis Juteau, Hamac, Montréal, 2025, 296 pages
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