« Un jour, je me suis aperçu que je n’étais pas un marginal, mais qu’on m’avait marginalisé. » Ces mots de Pierre Falardeau, en 1998, dans une conférence, sont allés droit au coeur de l’apprenti sociologue Jean-Philippe Pleau. « Il venait, écrit-il, de mettre le doigt sur ce qui m’irritait dans notre société, moi, le jeune citoyen en formation : c’est-à-dire le fait que la liberté de penser a un prix, celui d’une mise à l’écart de la bonne société. »
« J’aurais aimé être l’ami de Pierre Falardeau, écrit Pleau dans son essai intitulé Au temps de la pensée pressée. J’aurais aimé qu’il ne meure pas en 2009. » Il insiste là-dessus, même si, travaillant à Radio–Canada depuis 2005, il coanimera de 2014 à 2021 l’émission radiophonique C’est fou… avec l’anthropologue et communicateur Serge Bouchard (1947-2021). L’essayiste rappelle l’amitié qui le liait à Bouchard, bien que la pensée de ce dernier différât de celle de Falardeau. Cette différence éclaire l’essai de Pleau.
Préfacé par Micheline Lanctôt, sa collaboratrice à Réfléchir à voix haute — l’émission radiophonique hebdomadaire qu’il anime sur ICI Radio-Canada Première —, l’ouvrage entend « refuser la compression des idées et choisir la dynamique profonde de la réflexion ». D’ailleurs, la plupart des textes proviennent de l’émission.
Poésie libératrice
L’essayiste Pleau écrit que Falardeau vouait une admiration débordante pour les idées du poète québécois Gaston Miron (1928-1996). À l’instar de Pleau et Bouchard, Miron était issu d’un milieu populaire défavorisé. Et il pensait la poésie comme la voie collective nécessaire au changement radical de
[...] continuer la lecture sur Le Devoir.