Source : Le Devoir
En 2021, le 30 novembre, nous quittait abruptement Marie-Claire Blais, l’une des plus grandes voix de la littérature québécoise. Elle laisse en héritage une oeuvre inclassable, portée par un souffle narratif inébranlable et par le courage de descendre vers les bas-fonds de l’humanité, de regarder la monstruosité en face pour mieux l’accueillir et la déchiffrer, de faire corps avec le monde et l’époque en embrassant ses plus grandes blessures.
Ses amis et collaborateurs l’ont affirmé à maintes reprises : seule la mort pouvait arracher Marie-Claire Blais à l’écriture — un art qui semblait pour elle un mouvement inscrit dans l’expansion et l’infinitude.
De cette oeuvre à jamais inachevée nous parvient ces jours-ci un dernier fragment — Augustino ou l’illumination — sur lequel l’autrice travaillait au moment de nous quitter. Ces quelque 96 pages s’ajoutent au vaste ensemble littéraire qu’est le cycle Soifs, une série de onze romans dont la parution s’est échelonnée de 1995 à 2020 qui sonde la misère humaine et place en dialogue les plus grandes tragédies du XXe siècle et les enjeux qui définissent et transforment le monde d’aujourd’hui.
On y renoue avec Augustino, découvert, gamin, dans le tout premier livre de la série Soifs (1995). Âgé de quatre ans, effrayé par les reportages sur la première guerre du Golfe, il angoisse déjà sur la fin de l’humanité. Animé depuis de cette conscience tragique, on le croise de nouveau dans le troisième volume, Augustino et le choeur de la destruction (2005). Devenu écrivain, il rédige son premier roman, Lettre à des
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