Avec Sciences po 101, Catherine Dorion passe en mode solutions au Grand Théâtre de Québec

Trois ans après avoir quitté l’Assemblée nationale, l’ancienne députée solidaire Catherine Dorion apporte son combat politique sur scène avec Sciences po 101 : traité d’insoumission à l’usage du vrai monde, une pièce documentaire interactive présentée de mardi à jeudi au Grand Théâtre de Québec.

Il s’agit d’un retour aux sources pour Catherine Dorion, diplômée en 2004 du Conservatoire d’art dramatique de Québec. Elle a créé cette nouvelle pièce avec l’acteur et créateur Vincent Massé-Gagné, qui a aussi été son attaché politique pendant trois ans.

Après avoir raconté en détail ses quatre ans passés au Salon bleu dans son livre Les têtes brûlées : carnets d’espoir punk, l’autrice et comédienne était en quête de solutions.

Comment contrer le sentiment d’impuissance qu’elle avait vécu en politique, engluée par la démocratie du paraître, la course aux clics médiatiques et un agenda inondé de tâches qui n’ont pas de sens?

On est tous dans une espèce de sentiment d’impuissance et dans la quasi-certitude que personne n’est là pour nous protéger. C’est le point de départ du spectacle : comment rebâtir une forme de solidarité qui serait capable de répondre à notre anxiété collective?, explique Catherine Dorion en entrevue avec Radio-Canada.

On évolue dans des institutions dont la forme n’est pas adéquate pour répondre aux anxiétés qui nous habitent.

Une discussion avec le public

Malgré son titre, la pièce Sciences po 101 n’est pas un simple exposé aride de concepts qui sont enseignés à l’université. Catherine Dorion et Vincent Massé-Gagné souhaitaient que le public prenne activement part à la conversation. C’est pourquoi ils ont fait appel pour la mise en scène à Alexandre Fecteau, un spécialiste du théâtre interactif. 

Les gens dans la salle sont ainsi invités à s’exprimer de plusieurs manières : vote à main levée, vote par applaudissements ou encore prise de parole anonyme par le biais de leur téléphone intelligent.

Il n’y a pas de quatrième mur, on joue avec le public, on lui parle tout le long. On ne vient pas s’asseoir comme on viendrait s’asseoir au cinéma. C’était très important pour nous, en cette époque où tout le monde est un peu divisé dans sa petite boîte, chacun devant son écran, dit-elle.

Tout ce qu’on amène en termes de philosophie politique ou d’histoire, on a voulu le rendre ultradigeste parce qu’on ne voulait pas que ce soit comme dans un cours d’université. On est vraiment au théâtre : il y a des projections, il y a du dessin en direct sur un écran, il y a de la musique, des éclairages, explique-t-elle.

Catherine Dorion veut également se faire rassurante pour les plus timides : aucune personne ne sera invitée à monter sur scène pour prendre la parole devant une foule d’inconnus. Il s’agit d’un exercice volontaire et collectif.

En finir avec le cynisme

Si Sciences po 101 s’inscrit dans l’air du temps, la pièce n’est pas forcément ancrée dans l’actualité brûlante ni dans les traditionnels combats idéologiques entre la gauche et la droite.

Catherine Dorion affirme d’ailleurs qu’elle compte parmi ses fans des gens de tous les horizons politiques. Ce n’est pas non plus un portrait sombre de l’arène politique, mais plutôt un remède contre le cynisme.

Les systèmes actuels sont peu fertiles pour redonner du pouvoir au peuple réellement. Mais en même temps, je suis toujours déterminée à suivre des lignes d’espoir parce qu’il y en a tout le temps, même si parfois on les voit moins bien, explique-t-elle.

On a testé la pièce [en amont de la première] avec différents publics, et je pense que ça va donner des stéroïdes à la part de nous qui a envie de résister, mais qui se dit que ça ne sert à rien, ajoute-t-elle.

Sciences po 101 : traité d’insoumission à l’usage du vrai monde est présenté du 18 au 20 février au Grand Théâtre de Québec (des supplémentaires ont été ajoutées les 21 et 22 octobre 2025).

La pièce sera ensuite présentée les 18 et 19 mars et du 8 au 10 avril à la Cinquième salle de la Place des Arts, à Montréal, ainsi que le 4 octobre au Théâtre Granada à Sherbrooke.