Source : Le Devoir
Il y a eu Jean-Paul Sartre et le Café de Flore. Émile Zola et le quartier de l’Opéra. Stephen King et Castle Rock. Ou encore Anne Hébert et Kamouraska. De tout temps, les grands écrivains ont été associés à des espaces, des quartiers et des paysages qui ont marqué leurs oeuvres. Dans cette série estivale, «Le Devoir» visite, en compagnie de quatre auteurs québécois, les lieux qui les ont inspirés.
Le soleil est cuisant en cette matinée de la fin août. Devant le casse-croûte Greenspot, dans Saint-Henri, des passagers à la peau moite, les yeux plissés par l’effort, déambulent avec la lenteur qu’imposent les grandes chaleurs sur les trottoirs brûlants. Les odeurs de viande fumée, de frites et de bacon ont attiré les guêpes, qui volent en essaims autour des fenêtres.
La température cadre parfaitement avec l’univers d’Anne Villeneuve, dont la bande dessinée Une longue canicule (Mécanique générale, 2017) raconte les premiers jours d’une jeune Madelinienne en exil dans la métropole, alors plombée par les journées les plus chaudes de son histoire.
Contrairement à son personnage, Anne Villeneuve n’est pas née aux Îles-de-la-Madeleine. Or, la Montréalaise d’origine n’a eu aucun mal à imaginer ce qu’un insulaire peut ressentir à son arrivée dans une grande ville : le sentiment d’étouffement, de solitude, de perte de repères. « J’avais 19 ans lorsque je suis partie de chez mes parents, dans un quartier résidentiel à Ahuntsic, pour atterrir dans Saint-Henri. Je n’avais jamais vraiment perçu, avant, la chance que j’avais d’avoir grandi avec de l’espace. Ici, je
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