Source : Le Devoir
Dans la première scène de Boléro d’Anne Fontaine, des bottines se fraient un chemin sur un trottoir boueux. Puis, une femme élégante et fardée apparaît, ouvrant les portes d’une usine envahie par la fumée et par un tintamarre assourdissant. Ida Rubinstein (Jeanne Balibar) est là pour rencontrer Maurice Ravel (Raphaël Personnaz), qui a promis de lui livrer sous peu un ballet commandé plusieurs mois plus tôt.
Car, dans le vacarme de la machinerie, Ravel perçoit un rythme incessant, une symphonie mécanique qui se répète inlassablement. « Cette musique, c’est la marche du temps qui avance », crie-t-il à l’oreille de la danseuse médusée.
Ce temps qui avance, le prodigieux compositeur l’immortalisera dans son Boléro, un morceau de seize minutes dans lequel le même thème se répète dix-sept fois de suite et qui culmine en un crescendo presque catastrophique ; un air qui deviendrait si célèbre qu’il serait joué tous les quarts d’heure quelque part sur la planète, en témoignent les images du générique d’ouverture, un montage laborieux de différentes interprétations internationales et inégales de la mélodie.
Plus qu’une biographie de Maurice Ravel, c’est la trajectoire d’une partition que retrace Anne Fontaine (Coco avant Chanel) avec son Boléro. Contrairement à d’autres films récents parus sur des compositeurs ou des chefs d’orchestre — pensons à Maestro (2023) de Bradley Cooper —, on ne peut, pour ce film-ci, reprocher à la cinéaste française de ne pas faire suffisamment place à la musique et au génie créatif de son sujet.
En s’attardant à la gestation d’un chef-d’oeuvre, Anne Fontaine propose une
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