Source : Le Devoir
On doit avoir de l’ambition pour parvenir à faire tenir un siècle dans un livre — et énormément de finesse pour y faire résonner autant de récits individuels sans les écraser sous le poids de l’Histoire. Dans Ça finit quand, toujours ?, Agnès Gruda signe un roman ample, peuplé de vies marquées par l’exil et les recommencements. Cinq générations, trois continents ainsi qu’une vingtaine de personnages : c’est un véritable chœur qui conserve en tout temps l’harmonie de ses voix.
L’autrice connaît bien le monde et ses mouvements. Née en Pologne, elle est arrivée au Québec à l’aube de l’adolescence. Elle a ensuite exercé le métier de journaliste pendant quarante ans, dont trente-cinq à La Presse comme reporter, éditorialiste et chroniqueuse internationale. Elle a couvert des conflits en Ukraine, au Proche-Orient, dans les Balkans. Cette familiarité avec la géopolitique et les contextes instables irrigue son roman d’une démonstration unique de l’appartenance. L’écriture s’infiltre dans l’intimité des détails avec précision.
Tout commence à Varsovie, au début des années 1950, dans une maternité. Deux femmes y accouchent presque en même temps : Nina donne naissance à une fille, Ewa, tandis que Pola met au monde un garçon. Adam et Ève, donc.
« Six jours plus tard, alors que la petite Ewa quittait l’hôpital tout emmitouflée dans les bras de sa maman, les troupes soviétiques écrasaient l’ultime poche de résistance hongroise. La liberté avait vécu, elle était morte et enterrée. »
Ce basculement de l’intime vers le politique donne le ton du roman. Ça finit quand, toujours
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