Paru en premier sur (source): journal La Presse
Avec 20 romans publiés en 25 ans, divisés en 4 pentalogies, l’œuvre d’Aki Shimazaki peut sembler intimidante. L’autrice d’origine japonaise, qui vit au Québec depuis le début des années 1990 et qui écrit en français, vient d’entamer un nouveau cycle : voilà une belle occasion de la découvrir ou de la retrouver.
Publié à 9 h 00
Surtout que ce nouvel Ajisaï, avec ses mises en abyme et ses thèmes récurrents, dont celui de l’ajisaï, qui signifie hortensia en japonais, est particulièrement réussi, et beaucoup moins lisse qu’il peut sembler au premier abord.
On y suit l’histoire de Shôta, un étudiant en littérature qui se demande s’il deviendra écrivain ou prof d’université, rattrapé par la vie lorsque sa famille ne peut plus subvenir à ses besoins. Après qu’il est devenu gardien de la maison de campagne d’un riche couple, sa rencontre avec madame Oda viendra bousculer ses sentiments.
Ajisaï est un roman d’amour sensuel tout en délicatesse, qui parle de destin et de hasard, mais aussi d’art et de culture – la quête littéraire, l’amour du piano, la figure de Clara Schumann en filigrane. Malgré les codes de la société japonaise qui lui servent de cadre, Aki Shimazaki raconte une histoire universelle, celle d’un jeune homme qui entre dans l’âge adulte avec tout ce que cela comporte d’émotions contradictoires, d’ambition et d’intensité. Mais aussi, mine de rien, celle d’une femme qui s’émancipe, avec en prime un petit parfum d’interdit.
Voilà un début de cycle fort prometteur.
Josée Lapointe, La Presse

Ajisaï
Actes Sud
162 pages