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Un extrait de Cancer ascendant Autruche
L’univers a explosé le 14 mai à 16 heures, 34 minutes et 42 secondes.
Ne fouillez pas dans vos souvenirs. La nouvelle n’a pas fait les manchettes. Elle ne s’est même pas glissée dans vos réseaux sociaux, entre un quiz bidon et une vidéo de chat. C’était une catastrophe sans météorite, sans tsunami, sans zombie qui envisage de vous dévorer les entrailles. Vous n’avez probablement pas ressenti la moindre onde de choc depuis votre salon.
Je pourrais toutefois vous jurer que pendant une nanoseconde, c’est tout un univers qui a éclaté. Celui de Sam Tyler-Dufort, quatorze ans, adolescente sans histoire. Le mien.
Quand je suis entrée et que j’ai vu la veste de ma mère abandonnée sur le plancher, tout près de la porte, j’ai su tout de suite qu’un malheur était sur le point de me sauter au visage, comme une canette de soda secouée trop longtemps.
Son trousseau de clés avait été lancé négligemment sur le banc. Son espadrille gauche traînait sur le tapis de jute, mais la droite gisait deux mètres plus loin.
Rien de bien choquant, vous me direz. C’est que vous ne connaissez pas Clémence Dufort. Pour illustrer, consultez le dictionnaire sous les mots « ordre » et « compulsion ».
Entre deux obligations professionnelles, ma mère étiquetait ses bacs de rangement, repassait ses chaussettes, classait ses épices par ordre alphabétique. Notaire de jour, elle était une divinité domestique de soir. Son entrée précipitée m’inspirait une scène de crime.
Des murmures étouffés provenaient de la cuisine. La