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Source du texte: Lecture
Née à Besançon (France), Sylveline Bourion est titulaire d’un doctorat en analyse musicale. Elle enseigne cette discipline à l’Université de Montréal, où elle est professeur agrégée. Ses ouvrages musicologiques portent sur le style (Le Style de Claude Debussy, Vrin, Paris) et le discours (Analyser le langage tonal, Vrin, Paris, à paraître). Par ailleurs, elle a publié, aux Cahiers littéraires Contre-Jour (Montréal), plusieurs textes de récits (La Balade au chemin de fer ; Béni ; La Lampe ; Les Quatre-Route ; Pont-de-Sèvres ; Le Chemin d’angle ; L’Écoute réduite), d’analyses et de critiques. Quelques fragments de La Voie romaine ont été publiés, sous une forme un peu différente, dans Contre-Jour.
Comment s’est déroulée la création de ce livre ?
Élevée entre ma gouvernante et des parents autoritaires et distants, j’ai vécu une enfance du XIXe siècle, dans une France rurale qui n’avait guère changé depuis. Égarée en moi-même, j’ai relevé, durant mes premières années, de ce qu’on appellerait aujourd’hui le spectre de l’autisme.
J’ai appris à écrire avant d’apprendre à parler. Cela s’est passé lorsque j’avais trois ou quatre ans. Un jeune servant de ferme m’a montré les lettres ; j’ai pu écrire, et donc parler. Ce fait a été porté ensuite, durant longtemps, comme une honte première sur laquelle j’avais fondé mon être. Pourtant, cette histoire de vie m’a donné un privilège rare : celui de me souvenir de ma pensée, de mes impressions d’avant le langage. C’est une forme de pensée très différente de la pensée du langage, dont je me souviens et que je peux, d’une certaine façon, convoquer