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Un extrait du recueil Le programme double de la femme tuée
VERTU
Je m’égare dans les rues de Roma avec pour seul guide la lumière crue de mon téléphone. Beatrice, la belle parricide, condamnée par la justice des papes, porte sa tête décapitée sur le Ponte Sant’Angelo. Elle cherche sa belle-mère et ses frères. L’archange Michel l’a ignorée, s’est détourné sur son passage. Le lendemain, je la rejoins au Palazzo Barberini. Elle me sourit la veille de sa mort annoncée sur un tableau célèbre. Puis, j’arpente les allées du château de son père.
Nuit du 11 au 12 septembre 2019
Les rongeurs ont envahi
la capitale orgueilleuse
se sont unis à des iris
pour une nouvelle vie
ma tâche quotidienne consiste
à les perdre de vue
j’étais cette maison pillée
qui ne m’appartient plus
personne ne m’attend
mon affliction prend le dessus
avant le veuvage
je bâtis un cloître mortuaire
Trois diamants dans la bouche
ensevelie brûlée
à la ferme des corps
je t’ai retrouvée
tu me rappelles ma promesse
une fois sortie de l’enfer
j’entends la louve
fredonner ses chansons dorées
je ne viens pas d’elle
j’habite une fable princière
là où la vague m’aspire
La proximité du désert
nous enveloppe
laisse les guirlandes d’ampoules multicolores
orienter le chemin vers le ciel
l’Italie intérieure est une pure invention
ses créatures fabuleuses nous encagent
ne laissent ni poème ni testament
Aussi haute que les obélisques
se pointe la papesse barbare
auréolée d’une nuées d’insectes
ce sera l’entrée triomphante
entre la pyramide de Cestius
et l’ancien abattoir
une peine sans avoir été invitée
se durcit
malgré la plénitude verte
J’ai choisi
une tombe au hasard
dépourvue d’ornements
je l’ai faite mienne
les délires de marbre
hébergeaient les cyprès
dont les racines avaient rejoint l’azur
quant aux amphores,