
C’est le monde à l’envers. Tandis qu’aux États-Unis les guerres culturelles reprennent avec force contre certaines œuvres jugées moralement ou politiquement incorrectes, les bibliothèques du Québec semblent presque totalement à l’abri des tentatives de censure.
Les données de la Fédération canadienne des associations de bibliothèques (FCAB) pour l’année 2021 obtenues par Le Devoir montrent qu’une seule des 74 demandes de retrait d’œuvres dans les établissements publics d’un océan à l’autre provenait alors du Québec.
Ici, la tendance favorise plutôt une démarche positive pour proposer davantage d’ouvrages inclusifs traitant avec respect des sujets sur les Autochtones, les communautés LGBTQ+ ou ethnoculturelles, y compris dans les ouvrages jeunesse. Le thème des diversités pour le jeune public sera discuté mardi, à Montréal, aux Assises du livre jeunesse de l’Association des libraires du Québec.
La seule plainte recensée au Québec par la FCAB en 2021 vise des essais de l’auteur français Stéphane Bourgoin, spécialiste des tueurs en série, qui a reconnu avoir publié de fausses informations. Ses publications ont été maintenues dans la collection non identifiée.
De même, parmi les 73 autres « challenges » canadiens, 41 ont carrément été rejetés après examen de la plainte, 10 n’ont entraîné aucune décision officielle et une vingtaine seulement ont été suivis d’une action, y compris (mais rarement) par le retrait des rayonnages. Douze plaintes concernaient la représentation des Autochtones, cinq autres le traitement de la sexualité pour un public cible jugé trop jeune.
Il n’y a aucune mesure de comparaison ici, ni par l’ampleur ni par la vigueur, avec ce qui se passe aux États-Unis
Bref, le Canada ne censure presque jamais. Les plaintes recensées depuis 2006 par la FCAB proviennent presque toujours d’individus et la plupart se soldent par le statu quo après une évaluation professionnelle.
Les incidents canadiens impliquent surtout des livres, seulement trois films étant classifiés comme des « contestations de la liberté intellectuelle ». En 2018-2019, dernière année de référence sans fermetures pandémiques, l’Enquête sur les contestations sur la liberté intellectuelle comptait 58 titres (37 livres, 18 films, 3 magazines). Là encore, presque sans cas québécois.
Par comparaison, l’organisme de défense de la liberté d’expression Pen America
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