Image

Cinq ans après sa création, le Théâtre autochtone du CNA voit toujours grand

 

Tout lire sur: Radio-Canada Livres

Source du texte: Lecture

À sa naissance en 2019, le Théâtre autochtone du Centre national des Arts (CNA) créait l’événement en devenant la première offre théâtrale du genre au monde. Cinq ans plus tard, même si des défis demeurent, le bien-fondé de cette initiative lancée par une institution nationale ne fait plus de doute pour plusieurs acteurs du milieu.

À la lumière des années écoulées, la directrice administrative du Théâtre autochtone du CNA, Lori Marchand, se félicite que cette offre pensée pour partager les histoires des cultures autochtones ait été couronnée de succès.

Une femme souriante assise sur un fauteuil qui regarde vers la droite.

Lori Marchand, directrice administrative du Théâtre autochtone du CNA

Photo : Gracieuseté du Théâtre autochtone du CNA / Rémi Thériault

J’ai commencé ma vie dans un monde où les cultures autochtones étaient oppressées.

Une citation de Lori Marchand, directrice administrative, Théâtre autochtone du CNA

Cette dernière considère que le travail de la Commission de vérité et réconciliation a permis aux communautés canadiennes de réaliser que la promesse d’un pays équitable pour tous était illusoire. D’où l’importance d’avoir une place ici au CNA, dans une institution nationale, poursuit-elle, martelant la raison d’être du volet qu’elle dirige.

Corriger une longue absence

Un homme et une femme assis sur le sol. Ils tiennent ce qui semble être une couverture dans leurs mains.

«Là où le sang se mêle», première pièce de théâtre de Kevin Loring, traduite et mise en scène ici par Charles Bender.

Photo : Gracieuseté du Théâtre autochtone du CNA / Jonathan Lorange

Avec un département de Théâtre anglais et de Théâtre français mis sur pied dès son ouverture en 1969, le CNA aura attendu 50 ans avant de faire le saut et de consacrer un volet au Théâtre autochtone.

Pour le comédien et metteur en scène wendat Charles Bender, l’absence d’une telle offre pendant tellement longtemps, c’était quelque chose qui devait absolument être corrigé.

L’artiste se réjouit que l’avènement du Théâtre autochtone du CNA a permis à un vent nouveau  [de s’élever] et de voir les voix autochtones prendre plus de place sur les scènes canadiennes.

Même reconnaissance du côté de l’autrice, actrice et metteuse en scène aux racines anishinabe Émilie Monnet, qui voit dans le lancement de ce volet un geste nécessaire et très important pour toute la communauté.

Depuis, le Théâtre autochtone a permis de s’ouvrir aux créateurs des Premières Nations, des Inuit et des Métis d’un océan à l’autre, en offrant au public plus de 40 productions, incluant des spectacles de musique et de danse.

Une scène de la comédie musicale «Bear Grease».

Dans «Bear Grease», des artistes autochtones revisitent la célèbre comédie musicale «Grease».

Photo : Gracieuseté du Théâtre autochtone du CNA / Curtis Perry

Parmi celles ayant eu le plus de succès, figurent la comédie musicale Bear Grease, le spectacle Sky Dancers, qui transcende le drame de l’effondrement du pont de Québec de 1907, ou encore Unikkaaqtuat, qui s’inspire des mythes fondateurs inuit.

Par et pour les autochtones, mais non sans les allochtones

L’apport du Théâtre autochtone est fondamental pour les communautés autochtones, qui, au fil des récits présentés chaque saison, peuvent se reconnaître sans biais, ni approche folklorisée, relève Charles Bender. Ce qu’on présente a des répercussions sur comment les gens se voient, assure le metteur en scène.

Une culture qui te représente, qui t’identifie, qui te permet de te valoriser, c’est quelque chose qui t’encourage à défendre ton droit à l’éducation, ton droit à une meilleure santé. De la validation vient la fierté , défend Charles Bender, qui voit dans cette démarche un bénéfice pour les autochtones, mais aussi pour tous les Canadiens et tous les Québécois.

Émilie Monnet dans une scène de la pièce «Marguerite : le feu».

L’artiste multidisciplinaire d’origine anishinabe Émilie Monnet signe le texte et interprète la pièce «Marguerite : le feu».

Photo : Gracieuseté du Centre national des Arts / Pascal Gely

Émilie Monnet pense également que décloisonner l’offre des artistes autochtones a une portée qui dépasse le seul intérêt des communautés directement concernées.

On fait partie de la société, puis on a un regard sur le monde et sur la société qui nous est propre. […] Je pense que ça vient enrichir le paysage théâtral québécois à tous les niveaux, considère Émilie Monnet.

Des défis à relever pour les prochaines années

Parallèlement à ses accomplissements, les défis du Théâtre autochtone existent. Parmi eux, la place accordée au français demeure un enjeu, et ce même si depuis 2019, le directeur artistique du Théâtre autochtone, Kevin Loring, et la directrice générale, Lori Marchand, veillent à inclure au moins un spectacle venant du Québec ou ayant été créé par un artiste autochtone francophone.

La grande majorité des autochtones se sont trouvés avec l’anglais comme langue coloniale. Donc forcément, le bassin autant de créateurs que celui du public potentiel reste beaucoup plus grand en anglais, rappelle Charles Bender.

J’ai l’impression qu’au Québec, ce réveil par rapport aux propositions d’artistes autochtones est beaucoup plus récent que dans le Canada anglais, explique pour sa part Émilie Monnet.

Sa création Marguerite : le feu sera présentée en juin prochain au CNA en français et en anishinaabemowin.

Avec les informations de Valérie Lessard

Il y a 2 heuresGuerre en Ukraine
Il y a 6 heuresPolitique fédérale
Il y a 5 heuresProtection des écosystèmes
Il y a 19 minutesSoins et traitements
Il y a 17 minutesConditions météorologiques

Palmarès des livres au Québec