Paru en premier sur (source): journal La Presse
On avait découvert la plume de Kim Fu, née à Vancouver et qui vit aujourd’hui à Seattle, avec le marquant Cinq filles perdues à tout jamais (qui paraît ce mois-ci au Livre de Poche sous le titre Les filles du camp Forevermore). Voilà que se révèle son talent indéniable de nouvelliste dans Créatures obscures du 21e siècle (traduction française de Lesser Known Monsters of the 21st Century), recueil de 12 histoires courtes qui a été finaliste au prestigieux prix Giller.
Publié à 8 h 30
On voyage tantôt dans un avenir très proche, tantôt dans des lieux nimbés de mystère où le mal qui se cache sous la surface peut jaillir à des moments inattendus. Il y a Martha, une jeune femme qui peine à profiter de sa liberté nouvellement acquise après avoir fui un conjoint toxique, lorsque la maison où elle emménage devient infestée de hannetons. Cette famille d’une banlieue paisible, marquée par la tragédie, qui exerce une fascination morbide sur les enfants du voisinage. L’insomniaque Kelly, dont les longues plages d’éveil ne semblent être qu’un « attribut de la vie moderne ». Ou encore cet homme qui tue sa femme à répétition, simplement pour savourer le plaisir de la retrouver une fois que son corps réapparaît dans l’imprimante, outrageusement onéreuse, que seule une poignée d’ultrariches peut habituellement se permettre.
La traductrice de ce recueil, Annie Goulet, qui est également éditrice chez Héliotrope, l’a qualifié de « carnet de rêves et cauchemars ». On ne saurait dire mieux de cette collection d’histoires qui nous permettent de nous éloigner juste assez de notre époque pour la contempler avec suffisamment de subtilité. Une plume montante et plus qu’intrigante à découvrir, qui fera partie de la poignée d’invités étrangers au festival réputé Quais du Polar, le mois prochain à Lyon.

Créatures obscures du 21e siècle
Héliotrope
294 pages