Source : Le Devoir
Mettre en scène un tueur à gages parmi les plus redoutables de l’histoire de la pègre montréalaise comporte son lot de dilemmes moraux. Pourquoi donner de l’importance à un monstre ? Comment donner à voir l’homme derrière les crimes, le frère, le père, le conjoint, sans glorifier les actes barbares, l’inhumanité, la misogynie, les tragédies quotidiennes de l’univers criminel ? Comment happer le spectateur, déjà surchargé par la violence du quotidien ?
Ces questions ont certainement taraudé Raymond St-Jean lorsqu’il a décidé d’adapter librement à l’écran la vie de Donald Lavoie, un meurtrier qui, sous les ordres de Claude Dubois, a abattu 27 individus, dans les années 1970, avant que sa tête soit mise à prix par son propre clan. Contraint de faire un choix entre la prison et la mort, le criminel dénoncera ses frères d’armes à la police, devenant ainsi le premier délateur de l’histoire du Canada.
Le cinéaste se fait visiblement plaisir en empruntant aux codes traditionnels des films de gangsters, et choisit donc d’adopter exclusivement le point de vue de son protagoniste. Cette approche permet au spectateur de percer la carapace de Donald Lavoie, d’outrepasser les impressions de calme, de contrôle, de froideur pour capter les soubresauts d’une âme tourmentée, en proie aux doutes, aux regrets, à la dépendance et aux traumas.
Cette volonté d’humaniser le monstre est essentielle pour qu’on adhère à la proposition. Raymond St-Jean et Martin Girard, son coscénariste, parviennent à trouver le juste milieu entre empathie et incompréhension, évitant de justifier l’inadmissible et conservant le
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