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Critique de Comparution d’Angelina Guo | La douleur du silence

Paru en premier sur (source): journal La Presse

Entre le dépanneur familial et le palais de justice, la narratrice de Comparution d’Angelina Guo ausculte les rapports de force à l’œuvre au cœur du langage même.


Publié à 9 h 30

Composé de fragments en vers et en prose, alternant entre le français et l’anglais, ce récit autobiographique témoigne d’abord de la petite détresse quotidienne d’une enfance vécue dans l’ostracisme, sans l’assise solide des mots pour se dire soi-même.

« Je n’ai pas de langue maternelle, on ne m’en a pas donné à la naissance », écrit la Montréalaise née en 2001 de parents chinois, qui évoque en polaroids différents moments, tendres ou durs, vécus à l’école ou entre les caisses de bières du commerce familial d’Hochelaga.

En passant après une quarantaine de pages au récit d’une relation amoureuse avec un homme tordu et cruel, puis à son pénible processus de dénonciation, la jeune autrice semble a priori s’engager dans l’écriture d’un tout autre livre, ayant peu à voir avec ce qui précède. Mais c’est encore l’impossibilité de pleinement s’appartenir, d’être maître de sa propre histoire, qu’elle continue de nommer, en dressant la liste de tous les obstacles auxquels peut se heurter une victime.

Dans un style implacable et elliptique, qui ne tolère aucun apitoiement, Angelina Guo parle certes de violence conjugale, bien que ce premier livre d’une admirable maîtrise porte en réalité sur la souffrance qu’une personne finit par accepter, quand on lui a intimé toute sa vie, implicitement ou explicitement, que c’est tout ce qu’elle mérite. Il y a peu de pires douleurs que celle du silence forcé.

Comparution

Comparution

Angelina Guo

Le Quartanier

168 pages

8/10

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