Paru en premier sur (source): journal La Presse
C’est dans une ambiance poétique (et un brin anxiogène) que nous immerge Ann-Élisabeth Pilote avec son premier roman Contours, où les astres de la nuit disparaissent tout à coup, plongeant ainsi le ciel dans l’obscurité la plus totale. Signe de l’apocalypse ? Conséquence des changements climatiques ? Nul ne le sait.
Publié hier à 9 h 30
« Si les astres ne s’étaient pas éteints, personne n’aurait retenu mon attention. » Jeune femme à la recherche d’ancrage après des mois d’errance, Éli vient de s’installer dans la maison centenaire de sa grand-mère Madeleine, dont elle a hérité, lorsque la « disparition » survient. Une nuit, elle voit au loin une lueur : les flammes du feu, fait par Margot, son insaisissable voisine peintre qui a bien connu son aïeule, et son fils Francis, illuminent l’obscurité. Elle les rejoint dans ce qui deviendra un rituel quotidien.
Au fil des rencontres, Éli développe une fascination pour Margot et Madeleine, deux femmes d’une autre époque, sources d’admiration et de nourrissantes réflexions sur les choix que l’on fait (et ceux que l’on ne fait pas), leurs conséquences et ce qui reste de nous.
« Sous un ciel vidé, un vertige. Ce n’était pas la disparition des astres en soi qui m’effrayait, c’était plutôt ce qu’elle signifiait, la solitude dans laquelle elle nous plongeait. » Pétrie de doutes, Éli fuit puis accepte le ciel obscur, apprivoise ses conséquences imprévisibles sur la nature et la faune ainsi que sur son entourage, dont chez son jumeau Tom, avec qui elle solidifiera sa relation.
Grâce à son écriture sensible et enveloppante, de laquelle il est difficile de décrocher, Ann-Élisabeth Pilote dépeint avec finesse le portrait d’une jeune femme à la recherche d’un sens à donner à sa vie dans une époque où l’imprévisibilité est la seule certitude.

Contours
Stanké
152 pages