Paru en premier sur (source): journal La Presse
On connaît bien Oscar Peterson (1925-2007), grand pianiste de jazz né à Montréal. On connaît moins sa sœur Daisy Peterson Sweeney (1920-2017), personnage pourtant emblématique du quartier de la Petite-Bourgogne.
Publié hier à 9 h 00
L’historien Yves Lavertu répare cette injustice en publiant, à compte d’auteur, une biographie de cette pianiste classique qui donna des cours de musique à des centaines d’enfants de la communauté noire anglophone (dont Oscar et Oliver Jones) et cofonda l’ancêtre du Montreal Jubilation Gospel Choir avec Trevor Payne.
Rien de flamboyant dans la vie de cette « bâtisseuse de l’ombre ». Daisy Peterson a surtout fait sa marque dans le social, au sein du Negro Community Center. Mais cette biographie est aussi un prétexte pour parler de l’histoire des Noirs à Montréal au XXe siècle, avec les fantômes de Marcus Garvey, de Charles Humphrey Este, des parents de Malcolm X et autres personnages méconnus de la plupart des Québécois francophones. Où l’on apprend que le racisme ne fut pas moins réel ici qu’aux États-Unis, et qu’un afrodescendant, de sexe féminin de surcroît, devait indubitablement travailler deux fois plus fort pour « réussir ». Que Daisy Peterson ait reçu un diplôme de musique à McGill fut, en ce sens, une incroyable preuve de caractère.
Même si le style d’Yves Lavertu est peu littéraire, on perçoit la recherche effectuée par l’historien, qui accomplit son travail avec un vrai souci de réparation et de sensibilisation.

Daisy Peterson Sweeney : la bâtisseuse de l’ombre
YL éditeur
350 pages