Paru en premier sur (source): journal La Presse
L’écrivain indien Perumal Murugan a été victime d’une violente campagne d’intimidation dans son pays après la publication de ce livre où il décrit un ancien rituel hindou, durant la période coloniale. Son roman nous transporte dans une région essentiellement rurale du sud de l’Inde où les coutumes ancestrales et le système des castes régissent encore la société.
Publié à 11 h 30
Kali et sa femme, Ponna, sont des paysans qui s’occupent de leur ferme et de leurs champs avec diligence. Ils sont mariés depuis 12 ans, mais ils n’ont toujours pas d’enfants, ce qui leur vaut des railleries blessantes de tous ceux qui les côtoient – famille, voisins, amis.
« Les époux qui ne procréaient pas tout de suite s’exposaient à des interrogatoires permanents », écrit l’auteur. Heurtés par les attaques et les médisances incessantes, Kali et Ponna cherchent donc, à travers tous les rituels possibles, à conjurer ce qu’ils appellent leur malédiction, même si, au fond, ils sont tout à fait heureux ensemble.
L’auteur nous plonge dans leurs tourments tout en nous immergeant au sein d’une culture où le poids des traditions et la crainte du qu’en-dira-t-on, additionnés à la pression sociale et familiale, finissent par pousser le couple à des décisions extrêmes. Et c’est avant tout pour cette fenêtre que son livre nous ouvre sur un milieu qui aurait été autrement inaccessible, sans l’intermédiaire de la littérature, qu’il se révèle aussi dépaysant que captivant.

Femme pour moitié
Gallimard
224 pages