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« Je veux connaître cette souffrance mêlée de joie que je lis dans les magazines. Dans la poésie des autres. Je rêve de cette fatigue si ardente qui rend folle », annonce Marie-Élaine Guay dans les premières pages de La sortie est une lame sur laquelle je me jette, que l’on devine écrites à l’orée de la maternité.
Publié à 11h00 ✓ Lien copié Dominic Tardif La Presse
Oppressante plongée dans le vortex de la post-natalité, ce lieu où le paradis peut se transformer en un instant en enfer, la première partie de ce troisième livre (après Castagnettes et l’inoubliable récit Les entailles) se déploie comme un long oxymore et ne recule devant aucun tabou.
Elle est ainsi à l’image de cette expérience profondément paradoxale qu’est la maternité, en ce qu’elle oppose sans cesse le désespoir du déficit du sommeil à l’ivresse propre à la présence de ces professeurs de rire que sont les enfants. « t’aimer est l’épreuve / d’un sourire crevé / à la fourche », écrit Marie-Élaine Guay à son « complice de souffrance ».
Si ces poèmes au je, d’une portée certes universelle mais ancrés dans l’intime, témoignent de la douleur d’une mère ayant néanmoins le privilège de pouvoir panser sa détresse, la seconde partie se tourne vers l’extérieur afin de dépeindre une femme « au visage bleui / qui ne gagne jamais ».
Cette mère courage qu’observe la poète incarne pour sa part toutes celles qui ne connaîtront jamais l’apaisement de se savoir comprises, prises à la gorge qu’elles sont par toutes ces journées qu’elles sacrifient à l’œuvre de la survie des autres : « ce