Paru en premier sur (source): journal La Presse
« Tu éclaires ma jeunesse d’un amour aveuglant. Sous tes rayons, je grandis privée de mon ombre. […] Ton amour : le soleil de midi. »
Publié à 8 h 30
Dans cette adresse à sa mère, Kristina Gauthier-Landry rend hommage à celle qui lui a donné la vie, mais sonde aussi la complexité des liens mère-fille, leurs points d’ombre et de lumière, entre amour total et volonté d’affranchissement, loin de l’astre-mère.
La lauréate du prix littéraire Myriam-Caron pour son premier livre Et arrivées au bout nous prendrons racine montre à nouveau avec Le don une foisonnance épatante dans sa façon de jouer avec les mots, les images. L’acte d’écriture et l’acte d’exister jouent à cache-cache, devant l’éternelle question : est-ce que les mots peuvent prétendre se substituer au réel ?
Les perles sont nombreuses, et ponctuent de leur éclat nacré ce roman aux airs de poème en prose, où les courtes pages se succèdent comme autant d’instantanés qui laissent place au vide des non-dits, autant formellement que visuellement, dans la mise en page : « Dans le lit froid, je sombre/La place du fond est intacte ; c’est celle de nos souvenirs. Je dors au bord de la phrase. »
Enfilées les unes après les autres, elles construisent une histoire, celle d’une fille exilée devenue mère, celle de sa fille qui raconte l’histoire d’une mère brillant par son absence. Une femme qui avait tous les dons, mais qui s’est enfouie en elle-même. Une histoire d’affranchissement ; celui souhaité, celui qui viendra, peut-être.
Kristina Gauthier-Landry sera au Salon du livre de Montréal jusqqu’au 1er décembre pour des séances de dédicaces.
Le don
La Peuplade
264 pages