Paru en premier sur (source): journal La Presse
Ce roman, au titre aussi énigmatique que poétique, est un vrai petit bijou de lecture, pour quiconque s’intéresse de près ou de loin à la littérature queer.
Publié à 10 h 30
Soyez avertis : c’est bouleversant, cru et dur à la fois, mais aussi lumineux par bouts. À prendre comme une immersion inédite dans un monde tortueux qu’on connaît finalement bien peu.
Signé par l’autrice trans canadienne Casey Plett (On Community, A Dream of a Woman), qui a remporté au fil des années plusieurs prix (Amazon Canada First Novel Award, Lambda Award for Transgender Fiction), le récit nous plonge ici dans l’univers d’une certaine Wendy, femme trans de 30 ans, élevée dans une communauté mennonite, qui gravite aujourd’hui dans la communauté queer de Winnipeg.
Ça a l’air obscur dit comme ça, et pourtant, l’autrice, à la plume très vive, incarne son monde dès les toutes premières pages, en multipliant les dialogues sentis. Elle lève ainsi le voile sur un quotidien tantôt tendre, tantôt brutal, qui alterne au gré des rencontres entre solidarité et rejet.
Il y sera question d’identité, bien sûr, mais surtout de famille, d’amour, d’espoir et de désillusions. Ah oui, et de Dieu aussi. Avec, au passage, beaucoup de vodka enfilée au goulot, de la prostitution, de la solitude et un suicide de trop.
Certes, le texte piétine un peu par moments, et on se demande où tout cela va finir par aboutir. Puis, au détour d’un chapitre, surgit une de ces réflexions imprévues sur la vie, la haine, le mal de vivre, qui va nous habiter longtemps.
Au final, avec ce roman tout sauf didactique, Casey Plett réussit à faire énormément d’éducation, sur la transphobie, oui, mais aussi sur l’homophobie, bref, la diversité. Le tout avec finesse, humour et beaucoup d’humanité.

Les étoiles comme des petits poissons
Hamac
419 p.