Paru en premier sur (source): journal La Presse
Il y a quatre ans, Grégoire Delacourt dévoilait dans le poignant récit autobiographique L’enfant réparé l’inceste qu’il avait subi de la part de son père, et dont le souvenir, enfoui depuis des décennies, était remonté en lui grâce à l’écriture. Dans Polaroids du frère, l’auteur du best-seller La liste de mes envies revisite encore une fois son passé, cette fois éclairé par la mort tragique de son frère, enfant solaire dont la vie aura été une lente dégringolade, jusqu’à la chute finale sur le plancher de céramique de sa salle de bains.
Publié hier à 11 h 00
Par courts fragments, Grégoire Delacourt redessine des morceaux de leur enfance, tente de comprendre les méandres de sa vie d’adulte, décortique le séisme des jours qui ont suivi sa mort : un casse-tête qu’il assemble un peu à tâtons, puisque les deux frères n’ont eu aucun contact pendant 30 ans.
Entre la culpabilité qui ronge et les silences qui tuent, l’auteur dresse autant un portrait de famille que de société, souvent rude, mais jamais mélodramatique, et avec un flagrant désir de sincérité.
Son (mauvais) rôle dans cette histoire, il l’assume, et tente de le réparer en 188 « photos », assemblées dans un désordre chronologique qui crée l’image un peu floutée d’une existence passée dans l’ombre.
« Chacun de mes livres m’a retenu de tomber et je crayonne celui-ci pour t’empêcher de mourir », écrit Grégoire Delacourt. Grâce à ce sursaut d’amour fraternel, Renaud, c’est son nom, connaîtra enfin la lumière.
