Paru en premier sur (source): journal La Presse
Ceux qui ont aimé s’immerger dans l’Iran d’un autre temps avec les livres de l’écrivaine Parisa Reza se plairont à découvrir dans ce roman une face plus sombre de la société iranienne.
Publié à 11 h 30
On est après la Révolution de 1979 et après la guerre Iran-Irak, vers la fin des années 1990. Les polices de l’ombre contrôlent plus que jamais les mœurs des femmes.
Et c’est dans ces circonstances troubles que Fattah, qui était concierge dans un hôpital, est devenu un « docteur » qui fait fortune en pratiquant des hyménoplasties dans un réduit clandestin. Il n’éprouve qu’un profond mépris pour ces femmes célibataires qui cherchent à sauver leur « honneur » avant le mariage et qui paient cette opération au prix fort.
Mais quand il procède à une intervention sur la jeune Shahrzad, il n’arrive plus à l’oublier. Même si elle est promise à un autre homme, il se met en tête de la conquérir coûte que coûte. Cette histoire tragique et troublante, qui a été censurée en Iran, comme plusieurs romans de l’auteur, nous entraîne dans le côté obscur des traditions séculaires, comme une incursion fugitive dans un milieu impénétrable. Et c’est avec un malaise grandissant qu’on est témoin des violences que les femmes subissent dans l’ombre, sans même pouvoir ne serait-ce que songer à les dénoncer. Un livre troublant, mais nécessaire, qui demeure peut-être encore plus actuel qu’on pourrait le croire.

Pour les yeux de Shahrzad
Saint-Jean
260 pages