Paru en premier sur (source): journal La Presse
Dans son plus récent recueil, Isabelle Gaudet-Labine se fait l’oracle moderne d’un monde en déliquescence.
Publié le 10 mai
Ce sont les mots d’une déesse révolutionnaire qui composent Rien ne sera parfait. Une divinité guerrière qui interroge l’avenir, au moment où celui-ci est loin d’être assuré. Loin de capituler devant l’incertitude, la poétesse invoque la beauté comme arme de résistance.
En naviguant entre les décombres d’une époque troublée par l’éventualité d’un effondrement, ses vers, ciselés avec précision, révèlent la fragilité de notre condition contemporaine, mais aussi la possibilité d’une résilience de combat et une certaine ironie du sort. « Vingt secondes avant l’extinction/un bouclier de cendre/donne mille points/quatre vies/Briller/dans la nuit de Rouyn/en sortant son bac de récupération ».
Face à l’urgence climatique qui teinte chaque page du recueil d’une sourde angoisse, la poétesse oppose un regard lucide mais jamais défaitiste, faisant de son écoféminisme un combustible créatif.
La force de cette œuvre réside dans cette tension constante entre réalisme et espérance. Elle constitue une espèce d’acte de foi paradoxal : reconnaître la laideur du monde tout en continuant à l’habiter poétiquement.
Fort de sa langue à la fois mordante et lumineuse, Rien ne sera parfait s’impose comme un manifeste. Isabelle Gaudet-Labine y pose avec intensité la question essentielle de notre relation au futur compromis. Sa réponse, loin des certitudes faciles, est lucidité douloureuse, espoir têtu, conscience des abîmes et célébration obstinée des possibles.
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