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Critique de Soleil rouge, de Johanne Lykke Holm | Une vie à soi

Paru en premier sur (source): journal La Presse

Dans une ville , India et Kallas mènent une existence tranquille, où l’amour solaire qu’ils se portent l’un à l’autre semble suffire à remplir leur vie.


Publié à 9 h 30

rouge, deuxième roman de l’ suédoise Johanne Lykke Holm à être publiée aux éditions (traduction par ), nous plonge dans un qui semble à première vue ennuyant, mais où plane une menace insaisissable. India, la narratrice de cette histoire ensorcelante et déroutante, a un rapport hypersensible au monde. De sa perspective, les alentours – l’air, le ciel, la ville anonyme où elle demeure, traversée par un fleuve « insipide » – sont soit inquiétants, soit invitants.

Même si elle est désormais une adulte, India est habitée par des peurs d’enfant, par les ombres qui se transforment en monstre. « Elle essaie de se débarrasser du sentiment d’être hantée où qu’elle se trouve, comme si un fantôme vivait dans sa propre chair. Une colonne de glace, de sa gorge jusqu’à son cœur. »

Son refuge, son soleil, c’est Kallas, un homme mystérieux, hanté par un passé trouble. Leur quotidien se déroule principalement dans le silence, dans une langueur inerte où la vie ne semble faire que passer. L’histoire se déroule dans une fin d’été suffocante, caniculaire, alors qu’India accepte d’accompagner Kallas à la mer, chez sa bonne amie Desma, dans son opulente demeure. Un soir, trois enfants apparaissent au pas de la porte. de nulle part, ils se déclarent sans parents. Pendant ce temps, un incendie incontrôlable s’embrase dans la montagne environnante, nappant de sa fumée dense la station balnéaire.

Pris dans une étrange réalité parallèle, Kallas et India se retrouvent à ramener chez eux, en ville, ces enfants, alors que leurs tentatives de les rendre aux autorités prend des airs ïens. Dans cette bulle suspendue toujours prête à éclater, ils deviendront une famille. Tourmentée, India, qui n’a jamais voulu d’enfants, se prend à faire sienne cette vie normale de mère de famille, mais craint aussi le moment où tout disparaîtra en fumée, angoisse de transmettre son mal de vivre à ces enfants soudainement siens.

Cette nouvelle vie inventée semble parfois plus réelle que sa vie d’avant. Les contours du réel se floutent. À quelle vie appartient-on vraiment ? « Elle essaie de se débarrasser du sentiment que tout est factice. Une mère, un père, des enfants. Et s’ils voulaient leur donner le meilleur, mais ne parvenaient qu’à leur donner les mauvaises choses ? »

L’écriture de Holm a quelque chose d’envoûtant, d’insaisissable. Très précise dans ses descriptions – où le monde inerte pulse d’une énergie mystérieuse –, elle offre néanmoins un teintée d’onirisme, vaporeux et inquiétant comme la fumée noire d’un incendie.

Soleil rouge

Soleil rouge

Johanne Lykke Holm (traduit du suédois par Catherine Renaud)

La Peuplade

408 pages

7,5/10

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Johanne Lykke Holm (traduit du suédois par Catherine Renaud) Soleil rouge

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