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Critique du roman Le marais | Les méandres de l’amour

Paru en premier sur (source): journal La Presse

T est un homme charismatique, un compositeur de musique brillant, mais aux propensions mégalomanes, qui ne sait exister – et briller – qu’à travers le regard des autres, dont il s’abreuve sans ménagement.


Publié à 12 h 00

Il a connu mille vies, mille destins, et c’est en se racontant qu’il donne corps à son existence. Lorsque la narratrice, une chorégraphe, le rencontre, elle dit : « Rien ne laissait présager que je deviendrais la dernière de toute l’insatiable série des femmes de sa vie, puis que je m’éclipserais juste avant le retour de celle qu’il aimait depuis toujours. »

Elle évoque brièvement leur relation fugace mais intense, où T, tel l’homme des foules de Poe qui n’a « jamais eu entre les mains la clé de son intériorité », lui raconte sa vie, l’entraînant dans les méandres de son marais comme Shérazade dans un «  infatigable ». Mais son personnage s’éclipse dans la majeure partie de l’histoire, devenant narratrice-imaginatrice de l’histoire d’amour totale, tordue, intense et déchirante entre T et M, qu’elle rencontre lors des funérailles de ce dernier et dont elle devient la confidente.

Dans ce premier roman habilement amené, porté par une profonde sachant exprimer avec sensibilité les écorchures de ce et les déchirures qui nous habitent, Emmanuelle Dyotte trace les contours extérieurs et intérieurs d’un personnage plus grand que nature, habité de contradictions, vivant à cent milles à l’heure autant ses allégresses que ses détresses, pouvant briller de mille feux autant que sombrer dans le désœuvrement le plus total. Elle raconte aussi ces amours qui nous mordent et nous prennent, sans lesquels on ne peut exister, mais avec lesquels on ne peut vivre.

Le marais

Le marais

Emmanuelle Dyotte

La Mèche

204 pages

7,5/10

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