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Faire du beau ensemble
Ce n’est donc pas le genre de David de clamer ses opinions concernant des sujets d’actualités sur la place publique. Néanmoins, sa modestie ne l’empêche pas d’endosser le rôle de «leader positif» dès que l’occasion se présente. «En tant qu’ancien joueur de hockey et d’impro, j’aime être rassembleur.» Si des incidents surviennent au cours d’une production, il en appelle à la solidarité des membres de l’équipe. «Let’s go, on est une gang, on se tient !» n’hésite-t-il pas à lancer à ses collègues. «Je ne veux pas non plus prendre trop de place ou dire à qui que ce soit quoi faire, mais je suis comme ça. C’est une autre chose que je tente d’inculquer à mes enfants: dans un groupe, essayez d’être des leaders positifs. On est ensemble et on veut faire de quoi de beau. Pis ça, ça se fait dans le bonheur.»
C’est dans cet esprit qu’il interagit avec les comédiens plus jeunes avec lesquels il travaille. Toujours aussi dénué d’arrogance, il refuse de parler de transmission, mais dans les faits, il agit en quelque sorte comme un mentor «en étant dans l’encouragement». «J’adore ce rôle-là. Parce que j’ai l’impression qu’avec toute l’expérience que j’ai et le calme que j’ai un peu trouvé, je peux donner l’exemple. Je peux même conseiller ou aider.» Surtout en apaisant ses partenaires de jeu. «Les acteurs, on s’énerve facilement. Si ça ne va pas bien, je vais le dire, mais je vais aussi souvent dire aux autres: inquiète-toi pas, fais-toi confiance, je te le dis, j’ai déjà vécu ce que tu vis, on avance.»
Angoissé, le comédien l’a lui-même été durant une bonne partie de sa carrière. On ne l’aurait pas soupçonné d’emblée, vu le nombre vertigineux de pièces de théâtre et d’émissions qui jalonnent le parcours de celui qui tourne actuellement la quatrième et dernière saison de la télésérie jeunesse Comme des têtes pas de poule, qui poursuit la tournée du spectacle hommage Yvon Deschamps raconte la shop et qu’on peut voir dans L’appel, dirigé par Julie Perreault (dont il vante la sensibilité et la créativité en tant que réalisatrice, de même que la confiance qu’elle accorde à ses acteurs, un cadeau qui incite David à vouloir se dépasser).
Or, David a appris à maîtriser son anxiété. Notamment par des exercices de respiration – auxquels il consacre, depuis deux ans, 15 minutes tous les matins –, suivis d’une douche… froide. «J’en ai besoin. Je sais que ça va être frette, mais j’ai besoin de cette sensation-là. Ça met ton corps face à un stress, alors ça calme par rapport aux autres stress de la vie. Ça m’aide beaucoup.» Et il se sent maintenant d’attaque à affronter de grands rôles à la télévision, au cinéma ou sur scène. «Je jouerais un bon vieux Racine en alexandrins, pis enwèye ! Solide, dark.» Ou Cyrano, pourquoi pas ? Il en aurait certainement la profondeur et le panache.
Concourent aussi à cette sérénité qui lui donne des ailes «deux petits mantras» qu’il aime se répéter: «Keep a smile on your face» et «Keep the faith in your heart». «Quand je coachais à l’impro, je disais ces phrases à mes joueurs et je trouve que ça s’applique dans la vie. Fais juste continuer à y croire. Garde le sourire et fonce.» Une devise qui semble franchement lui réussir.