
Tout lire sur: Revue Les Libraires
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À chaque édition de la revue Les libraires, nous vous proposons une sélection de livres qui se glissent facilement dans votre poche. Petit prix et petit format, certes, mais de grandes découvertes et de belles plumes!
L’aventure de vieillir
Marie de Hennezel, Pocket, 104 p., 13,95$
Avancer dans l’âge mène au questionnement. Dans son livre, la psychologue clinicienne Marie de Hennezel amène des pistes de réflexion et de réponses à la suite des ateliers qu’elle anime sur le sujet. Comme comprendre et accepter le paradoxe de vieillir, trouver la paix du cœur et de l’esprit, devenir un bon compagnon pour soi-même, être en paix avec la question de la mort, libérer la force de la tendresse, cultiver la joie de vivre, etc. En fait, l’idéal, c’est de vieillir en santé physique et psychologique, car on vit de plus en plus vieux. L’aventure de vieillir, c’est de pratiquer la gratitude, de profiter de la vie en bougeant, en s’organisant, d’être bien entouré. La lecture de ce livre convie à réfléchir sur soi, sur comment on vit, et comment on aimerait vivre notre avancée dans l’âge. Michèle Roy / Le Fureteur (Saint-Lambert)
Du thé pour les fantômes
Chris Vuklisevic, Folio, 458 p., 17,25$
Dès les toutes premières pages, on se trouve happé par le ton et la virtuosité des aptitudes de conteuse de Vuklisevic. Ici, l’intime et le surnaturel se mêlent en une ésotérique quête de sens qui sous-tend la recherche de réconciliation d’une famille. Dans le sublime décor de montagne de l’arrière-pays alpin qui surplombe Nice, deux sœurs séparées par d’anciennes querelles vont devoir mettre de côté leurs griefs le temps d’enquêter sur le décès de leur mère et les secrets laissés dans son sillage. En interrogeant les vivants et les morts, Agonie et Félicité suivront une piste ectoplasmique qui les mènera jusqu’en Espagne sur les traces de leurs aïeules. Quel souffle romanesque, quelle douce poésie porte ce livre-baume! Thomas Dupont-Buist / Librairie Gallimard (Montréal)
Une joie sans remède
Mélissa Grégoire, Nomades, 264 p., 16,95$
Marie, enseignante de littérature au collégial, se voit forcée à l’arrêt pour la deuxième fois de sa carrière. Diagnostic : épuisement professionnel. Mais comment réduire cette anxiété qui gruge les contours de son quotidien à ce constat stérile, alors qu’un simple terme ne lui semble pas suffisant pour circonscrire les questionnements qui la remuent jusque dans l’âme? Entre les souvenirs qui façonnent un individu et le présent qui limite l’horizon, elle entame l’inventaire de sa vie à la recherche du grain de sable dans l’engrenage capable de faire naître en elle cette fatigue lancinante. Parmi toutes les causes du désastre, est-il possible que le poids d’une vie, aussi banale soit-elle, soit suffisant pour briser la courroie de transmission et créer l’implosion?
Un soir d’été
Philippe Besson, Pocket, 174 p., 13,95$
S’inspirant d’une expérience vécue durant sa jeunesse, Philippe Besson replonge dans ses souvenirs de l’été 1985, à l’aube de ses 18 ans. L’île de Ré, envahie chaque année par les touristes estivaux, devient dans ce roman le théâtre des grandes amitiés. Six jeunes se découvrent, liés par les doutes qui marquent le passage entre l’adolescence et l’âge adulte, partageant leurs appréhensions, leurs rêves et leurs espoirs. Leur quotidien se résume à la légèreté, à l’indolence, aux bains de soleil et au farniente en bord de mer. Ils ignoraient alors qu’ils vivaient leurs derniers instants d’insouciance. Bientôt, l’épée de Damoclès s’abattrait sur leur tête; 18 ans est un âge bien trop tendre pour faire face à la perte d’un des leurs.
La femme papillon
J. L. Blanchard, Fides, 352 p., 19,95$
Le duo improbable, formé du maladroit et incompétent Bonneau et de l’impertinent et brillant Lamouche, reprend du service dans cette quatrième aventure, empreinte d’humour, couronnée du prix Saint-Pacôme du meilleur roman policier en 2024. Alors qu’il a été invité par le président de la République pour le remercier de la résolution de sa précédente affaire, Bonneau disparaît à son arrivée à Paris, et le chauffeur qui devait le récupérer à l’aéroport est découvert mort dans le coffre de la limousine. Lamouche débarque en France pour retrouver son collègue et élucider cette histoire. Mais la police locale, qui n’apprécie guère cette ingérence, le tient à distance et lui cache des éléments de l’enquête. L’enlèvement pourrait être lié à l’Ordre des Monarques, une secte aux desseins obscurs. Des gens haut placés semblent impliqués dans cette mystérieuse organisation, ce qui contribue ainsi à son pouvoir. Pourquoi l’inspecteur s’est-il retrouvé dans leur mire? En librairie le 23 avril
De bois debout
Jean-François Caron, BQ, 376 p., 16,95$
Cette grande œuvre brillamment ficelée et à la narration inventive met en scène des personnages plus grands que nature. Dans la forêt, après que son père a été abattu par un policier par erreur, Alexandre se sauve et se terre dans une maison isolée qu’il croise, celle de Tison, un homme accueillant, mais très seul. Là, où dans cet antre, il y a plein de livres, il se remémore sa relation avec son père. Entre les silences et les non-dits, ce dernier ne le comprenait pas toujours, et surtout il ne saisissait pas sa passion pour la littérature : « La vie, c’est pas là-dedans, pas dans les livres. […] Si tu t’enfermes dans tes livres, tu connaîtras jamais rien de vrai. » Illustrant tout le contraire, ce roman rend hommage aux livres, qui s’avèrent un véritable refuge. Dans ce repaire réconfortant où des voix résonnent, Alexandre apprivoise son deuil, cette absence, cette distance qui existait déjà avec son père, mais peut-être qu’il se réconcilie aussi avec leur histoire. Une lecture puissante qui nous happe et nous étreint grâce au souffle de l’auteur.
Panorama
Lilia Hassaine, Folio, 252 p., 16,50$
Le roman s’ouvre sur une disparition, lieu commun des romans policiers. Cependant, à mesure que l’enquête progresse et que la société se dessine en toile de fond, les codes du polar se distordent et laissent place à ceux de la dystopie. Nous sommes en 2049, dans une France marquée par l’ère de la transparence, legs de la Revenge Week de 2029. Face à un soulèvement populaire créé par le laxisme de la justice, une nouvelle règle est mise en place pour assurer la cohésion sociale : pour vivre heureux, vivons exposés! Depuis, la vitre a remplacé la brique, donnant naissance à des quartiers transparents où le quotidien de chacun est scruté par le regard de l’autre. Mais dans cette réalité exhibitionniste, où l’hypervigilance a atteint son paroxysme, comment expliquer la possibilité d’une disparition? C’est avec une efficacité clinique que Panorama scrute les failles de la société actuelle pour lui retourner un miroir dont les contours, loin d’être déformants, rendent cette vision du futur d’autant plus glaçante qu’elle est étonnamment crédible.