Dany Laferrière est fait grand officier de l’Ordre de la Pléiade

La présidente de l’Assemblée nationale du Québec, Nathalie Roy, a remis jeudi à Dany Laferrière l’insigne de l’Ordre de la Pléiade à l’occasion d’une cérémonie officielle. Promu au grade de grand officier, l’auteur a reçu cette prestigieuse distinction « pour la portée considérable de son œuvre littéraire ».

Nathalie Roy a décerné cet honneur à Dany Laferrière au nom de l’Assemblée nationale du Québec ainsi qu’au nom des membres de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, mentionnant au passage que cet écrivain d’exception a fait du français non pas l’accent mais la langue de l’Amérique.

Au fil de sa carrière, cet auteur né en 1953 à Port-au-Prince a su passer de l’ouvrier à l’écrivain, de l’usine à l’Académie française, de l’hôtel Karibe à cette fenêtre qui donne sur la vie, devenant immortel de son vivant, a ajouté Mme Roy.

Ordre à vocation internationale depuis 1976, la Pléiade reconnaît la contribution exceptionnelle de personnalités émérites, issues de domaines divers, qui œuvrent à l’épanouissement et au rayonnement de la langue française et au dialogue des cultures. Les insignes se répartissent en cinq grades, du premier échelon au plus élevé : chevalier, officier, commandeur, grand officier et grand-croix.

Demandeurs d’asile : l’auteur revient sur les propos du ministre Roberge

Dans la foulée de la cérémonie en son honneur, Dany Laferrière est aussi revenu sur les critiques qu’il a adressées à Jean-François Roberge, ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration.

En entrevue à ICI RDI mardi, M. Roberge a affirmé que le Québec ne peut pas accueillir toute la misère du monde face à la nouvelle vague de demandeurs d’asile en provenance des États-Unis, notamment au poste frontalier de Lacolle. Dany Laferrière a dénoncé ces propos en entrevue avec Radio-Canada, comparant le discours du ministre à celui du président américain Donald Trump.

M. Trump compte lever le statut de protection temporaire de 520 000 Haïtiens installés aux États-Unis le 3 août. Cette mesure vise aussi des Vénézuéliens, des Cubains et des Nicaraguayens.

L’équipe du président a également fait parvenir des lettres aux personnes concernées pour leur demander de quitter le territoire américain d’ici le 24 avril, à moins de bénéficier, d’ici là, d’un nouveau statut. Cette décision pourrait entraîner un afflux de migrants au Canada.

Je voulais simplement dire que l’expression « toute la misère du monde » était un peu excessive et qu’il fallait avoir un sens humanitaire sur une question aussi difficile et catastrophique pour ces gens-là, qui sont d’ailleurs tout à fait dans la légalité aux États-Unis et qui se retrouvent à nos portes, a expliqué Dany Laferrière à Radio-Canada jeudi dans les couloirs de l’Assemblée nationale.

Il faut aussi se souvenir qu’il y a tant d’Haïtiens qui sont au Québec qui se conduisent de façon honorable et qui ont donné à la population un élan appréciable dans divers secteurs du point de vue collectif.

Dany Laferrière prône un discours plus mesuré et plus empathique, qui serait plus en phase avec notre culture d’accueil. Si on regarde la situation autrement, a-t-il expliqué, cette vague d’immigration pourrait aussi procurer au Québec toute la richesse du monde, d’autant plus que nous ne savons pas qui sont ces gens : ils ne sont même pas encore là.

Je ne suis pas quelqu’un qui fait de la politique, je suis un écrivain qui observe la société, donc je n’ai aucune rancœur personnelle envers aucun parlementaire ou parti politique, a conclu l’écrivain.