Source : Le Devoir
« Je vis le reflet de mes petits-enfants dans l’étang, leurs formes longues et sombres, qui auraient pu être celles de leur oncle et de leur grand-père, et au milieu d’elles le reflet brillant du soleil. Je le vis qui me regardait, un astre étrange, un astre qui ne révélait rien… »
Les romans de David Clerson sont comme ce soleil, porteurs d’une étrangeté fondamentale, d’une part d’inaccessible que, comme lecteur — ou comme humain devant les mystères de la nature —, il faut accepter, pénétrer sans résistance, sans violence, se permettre de ressentir sans chercher à tout expliquer.
On retrouve cette part d’étrangeté partout — tant dans la forme que dans le fond — dans son dernier roman, Mon fils ne revint que sept jours, qui raconte le quotidien bouleversé d’une mère alors qu’elle reçoit la visite d’un fils disparu depuis plus de dix ans. « Ce livre est né d’un désir de dépersonnalisation, d’étrangeté par rapport à moi-même, raconte l’auteur, rencontré par Le Devoirdans les bureaux des éditions Héliotrope, à Montréal. J’avais envie de donner voix à quelqu’un qui n’est pas de mon âge ni de mon sexe, d’explorer sa maternité avec une progression narrative ancrée dans la quotidienneté, la répétition de gestes, de jours. »
Même si elle peut être difficile et douloureuse, on peut voir l’itinérance du fils, son incapacité à vivre normalement, comme un moyen d’échapper à cette logique de la propriété privée, aux contraintes sociales qui imposent le succès, la richesse et l’ambition.
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