Malgré ses faux airs de manifeste collectif et sa tonalité facétieuse, Depuis toujours nous aimons les dimanches est à prendre au sérieux : il s’agit d’une charge à fond de train contre ce que Lydie Salvayre (Pas pleurer, Prix Goncourt 2014) appelle le « travail contraint » et « exagéré ». Car c’est le travail, selon elle, « qui nous fait tristes, qui nous fait laids et qui nous fait méchants ». Une démonstration qui se nourrit notamment de Bertrand Russell et de Paul Lafargue. Depuis toujours, à ses yeux de nostalgique incurable des heures d’enfance qui s’étiraient, le travail devait être réalisé pour le bien de chacun et de tous, et non pas « pour remplir les coffres de quelques profiteurs qui pétaient dans la soie ». Sous cet angle, « la paresse est politique » et constitue, selon l’écrivaine française, l’un des plus hauts plaisirs de l’âme. Elle est même la condition et le prélude de la pensée. Un puissant antidote, surtout, à opposer aux « Messieurs-les-apologistes du travail-des-autres ».
Depuis toujours nous aimons les dimanches
★★★ 1/2
Lydie Salvayre, Seuil, Paris, 2024, 144 pages
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