La guerre qui fait rage aux portes de l’Europe réveille les fantômes d’autres conflits, qui ont parfois marqué la littérature. À la fois écrivains et soldats, ils ont raconté ce qu’ils ont vu, écrit leurs traumatismes et leurs désillusions. Pour ce sixième et dernier texte de notre série « Écrivains dans les tranchées », « Le Devoir » se penche sur Ernst Jünger, René Char, Vercors, François Mauriac, Louis Aragon, Marguerite Duras et Philippe Sollers.
Face à la guerre, il arrive que l’heure ne soit plus au témoignage, mais à la résistance, qu’elle soit frontale ou subtile.
Sept fois blessé durant la Grande Guerre, dont il est sorti à 23 ans avec la plus haute décoration allemande (la croix « Pour le Mérite »), Ernst Jünger est devenu immédiatement célèbre à la publication de son premier livre, en 1920. Orages d’acier résonne encore d’un bellicisme glaçant : « La vie ne reçoit son sens qu’engagée pour une idée ; il y a des idéaux auprès desquels la vie des individus et même la vie de tout un peuple sont sans importance. »
Hostile à la République de Weimar (1918-1933), devenu une figure importante du nationalisme allemand au cours des années 1920, Ernst Jünger change peu à peu de cap. Multipliant les voyages et les lectures, il quitte Berlin et s’installe à la campagne, où se développe son intérêt pour la botanique et la zoologie. À partir de 1930, l’écrivain semble être revenu de son enthousiasme patriotique de jeunesse, tient en horreur Hitler et ignore les appels de phares du régime nazi.
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