Source : Le Devoir
Certains romanciers écrivent au rythme de leurs propres intuitions et envies, sans arrière-pensée pour le lecteur et sa réception de l’oeuvre. D’autres cherchent à lui plaire, à éveiller sa conscience, à passer un message. L’écrivaine française Alice Ferney va encore plus loin. Pour elle, le lecteur est celui qui détient le fin mot de l’histoire, celui à qui il revient de tirer des conclusions, de porter un jugement, d’absoudre ou de condamner.
Cette impulsion — qui implique de proposer des questionnements davantage que des solutions — est la clé qui permet à l’écrivaine française d’aborder des sujets délicats, litigieux, tabous. Son dernier roman, Deux innocents, en est un exemple éloquent, et ce, bien que le titre de l’ouvrage en dise long sur l’opinion de l’autrice.
Inspiré d’une histoire vraie, le livre raconte le parcours de Claire, enseignante à l’Embellie, un établissement pour jeunes en situation de handicap. Depuis ses débuts, Claire a su, par sa gentillesse, son dévouement et son grand coeur, gagner l’affection des enfants et de leurs parents. Lorsque Gabriel, un nouvel élève en grand besoin d’amour et de reconnaissance, fait son entrée à l’école en septembre 2018, la professeure se laisse prendre dans une situation risquée.
Chaque jour, l’adolescent quémande des câlins, écrit des messages, se confie, s’assure de l’affection de son enseignante. À son contact, il s’épanouit, sort de sa coquille, retrouve le sourire et la parole. C’est que Gabriel est éperdument amoureux ; un amour innocent, mais troublant, qui lancera ses parents, un an précisément après la
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