Qui, au Québec, se souvient de la poète Huguette Gaulin (1944-1972) ? Très peu de gens. Surtout des amoureux de poésie. Afin de donner une couleur intimement québécoise à la lutte mondiale pour sauver la nature, le journaliste Raymond Lemieux honore, au début de son livre Écologie. Une bataille sans fin, la mémoire de celle qui, après s’être aspergée d’essence, gratte une allumette et s’immole en public, hurlant à tous : « Vous avez détruit la beauté du monde. »
Vulgarisateur hors pair, en particulier grâce à son expérience comme rédacteur en chef du magazine Québec Science de 1994 à 2006, Lemieux relate l’évolution de l’écologisme québécois qui, parallèlement à ce qui se fait ailleurs dans le monde, prend son envol dans les années 1970. Il raconte qu’en 1977, avec une dizaine d’autres étudiants du cégep Maisonneuve, à Montréal, il forme un cercle végétarien, antinucléaire, s’affirmant contre le gaspillage et pour la passion du vélo.
Ces idéalistes invitent pour y faire une causerie dans « leur modeste local » d’Hochelaga-Maisonneuve le naturaliste Pierre Dansereau (1911-2011), précurseur québécois de l’écologisme par son ouvrage Biogeography. An Ecological Perspective, publié à New York en 1957. Malgré cette rencontre mémorable, Lemieux signale que le « virage écologique » apparaît illusoire au Québec.
Il dresse un constat désespérant. Le nombre d’automobiles y a plus que triplé de 1970 à 2018, la consommation d’énergie a augmenté de 15 % de 1990 à 2016, les émissions de polluants atmosphériques liées au transport, de 21 % entre 1990 et 2018, l’étalement urbain a fait disparaître des milliers d’hectares
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