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Besoin d’inspiration pour soumettre votre poème au Prix de poésie Radio-Canada 2025? Voici ce que les membres du jury – Marie-Célie Agnant, Sébastien Dulude et Guy Marchamps – pensent de ce style littéraire, tout en vous donnant quelques conseils judicieux.
N’attendez pas le dernier moment pour envoyer votre texte, la date limite est le 1er juin 2025. C’est par ici, vous n’êtes qu’à un clic de pouvoir réaliser un rêve!
La poésie, un exercice d’humanité
Le geste d’écrire de la poésie peut être vu de différentes manières. C’est le cas pour les trois poètes membres de notre jury. Il s’agit pour moi d’un espace de création où la langue est à la fois outil et matière, qui permet de créer un nouveau langage qu’on peut considérer souvent comme le ”cri” du silence
, explique Marie-Célie Agnant. Elle ajoute qu’on doit donc faire un travail minutieux sur la langue et le rythme. Les mots se révèlent plus éloquents.
Sébastien Dulude est membre du jury du Prix de la poésie Radio-Canada 2025.
Photo : Marc-Étienne Mongrain
Pour Sébastien Dulude, la particularité d’un exercice littéraire comme la poésie permet de s’offrir un rare espace de liberté, de résistance et de transgression. C’est un accès à l’intime, à l’impensable, aux vérités.
Il ajoute qu’une poésie réussie s’exprime par la sincérité et la découverte de sa propre voix
.
Guy Marchamps pense que la poésie est beaucoup plus qu’un exercice littéraire et qu’elle nous rapproche des autres, car elle est, comme le disait Anne Hébert, « solitude rompue ».
C’est une passion profonde pour les mots. C’est créer de la musique avec sa langue, son bagage, ses émotions. […] Très vite, nous nous apercevons que nous sommes seuls sur Terre avec nos peurs, nos espoirs et nos illusions. Nous ne finissons jamais de bouger. Comme les étoiles, tout est en mouvement, même le langage.
Il ajoute que la création, c’est aussi une façon de se donner de l’oxygène.
Quelques conseils
Nos trois poètes distillent quelques conseils pour aider qui voudrait s’essayer à l’exercice. Bien qu’écrire de la poésie soit un exercice personnel, Guy Marchamps soutient qu’il faut essayer de maîtriser les codes. Le plus possible, trouver sa manière; la forme doit nous emballer, car elle est une part importante du poème. Donc, il faut toujours être conscient du contenant, car le contenu, lui, est commun à tous : l’amour, la mort, la colère, etc.

Guy Marchamps est membre du jury du Prix de la poésie Radio-Canada 2025.
Photo : Guy Marchamps
Mais avant même de prendre le crayon ou le clavier, Guy Marchamps suggère de beaucoup lire afin d’être au diapason de ce qui se fait de contemporain
.
Et, bien sûr, il faut écrire beaucoup, et ne pas avoir peur de jeter tout autant, car les génies sont extrêmement rares. Soyez humbles.
De son côté, Sébastien Dulude conseille de ne pas écrire uniquement pour les prix et les honneurs, mais avant tout pour soi et pour se découvrir. Après, les prix servent à valider cette démarche. Mais [il faut] d’abord se trouver.
Marie-Célie Agnant emprunte des vers de Boileau, serinés par ses parents durant son enfance et adolescence : Hâtez-vous lentement et sans perdre courage. Vingt fois sur le métier, remettez votre ouvrage. Polissez-le sans cesse, et repolissez-le. Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.
Et il est indispensable de raboter son ego destructeur, de se méfier de la fabrique des écrivains et de se rappeler qu’on n’est pas une vedette, encore moins une marionnette.
Elle ajoute d’ailleurs qu’elle apprécie la grande rigueur que requiert l’exercice de faire partie d’un jury. Il y a dans cette charge un aspect qui relève de la justice, qui me motive et m’interpelle. […] Les prix font partie des instruments de légitimation.
Inspirations et suggestions
Plusieurs poèmes et recueils ont marqué les membres du jury. Sébastien Dulude se souvient du premier recueil qui l’a bouleversé : Tout va rien, de José Acquelin. Sa voix aérienne campée dans la nature urbaine m’a ouvert les yeux sur les possibilités de la poésie. Toute l’œuvre d’Acquelin est à mon avis incontournable.

Marie-Célie Agnant est membre du jury du Prix de la poésie Radio-Canada 2025.
Photo : Jonathan Harrington
D’innombrables titres viennent en tête à Marie-Célie Agnant lorsqu’elle y pense. Ce sont souvent de très vieux livres, mais si proches des jours d’aujourd’hui.
Elle apprécie particulièrement le recueil Il neige dans la nuit et autres poèmes, du poète turc Nâzim Hikmet, qui a été emprisonné pendant 13 ans avant de connaître l’exil.
Elle lit et relit sans cesse l’anthologie poétique Romancero de la résistance espagnole, écrite pendant la montée des fascismes. Ces textes gardent toute leur force.
Pour les conseils de lecture, Guy Marchamps en a plusieurs dans sa manche. Il souligne avoir beaucoup lu et apprécié la collection Rétrospectives aux éditions de l’Hexagone : Roland Giguère, Fernand Ouellette, Paul-Marie Lapointe. Les petits chevals amoureux, de Michel Garneau, un classique de la poésie québécoise, l’a marqué. Il aime aussi la poésie d’Anne Hébert et de Rina Lasnier.
Parmi les poètes de l’international, les œuvres d’Emily Dickinson, de Philippe Jaccottet, de François Jacqmin et de Fernando Pessoa lui sont inestimables.
La date limite pour envoyer un texte est le 1er juin 2025. Les résultats seront dévoilés en novembre 2025.