Dans Sarah, Susanne et l’écrivain, le neuvième roman d’Éric Reinhardt, un écrivain raconte, avant de l’écrire, le roman inspiré de la vie d’une femme qui lui en a fait la demande.
En 2017 à la sortie de La chambre des époux, une femme qu’Éric Reinhardt ne connaissait pas l’a contacté sur Facebook en lui disant vivre une histoire « douloureuse et silencieuse » qui lui donnait l’impression d’évoluer dans l’un de ses romans. Cette femme souhaitait lui écrire plus longuement.
« Quelques semaines plus tard, j’ai reçu un courriel de deux pages, sous l’intitulé “Inspire”, qui m’a impressionné, bouleversé, ému. J’ai su dans l’instant que ce serait mon prochain livre », confie Éric Reinhardt au bout du fil, depuis Paris.
Un itinéraire qui n’est pas sans rappeler l’histoire de violence psychologique qui était au coeur de L’amour et les forêts (Gallimard, 2014), où une lectrice empêtrée elle aussi dans une grave crise intime et conjugale s’était adressée à l’auteur.
« Notamment parce qu’il y avait dans ces deux pages une image que je trouvais déchirante. Celle de cette femme assise la nuit devant chez elle, à l’ombre d’un grand arbre, pour regarder vivre sa famille par les fenêtres illuminées, parce qu’elle était exclue de son propre foyer. Cette image, je voulais la faire exister dans un livre, construire un roman autour d’elle. » Ces deux pages, raconte-t-il, l’avaient « fécondé ».
Comme c’est souvent le cas chez l’auteur de Cendrillon (Stock, 2007), né à Nancy en 1965, la réalité et la fiction s’emboîtent de façon troublante, se nourrissent
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