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Evelyne de la Chenelière | L’écriture qui rythme le quotidien

Paru en premier sur (source): journal La Presse

Evelyne de la Chenelière sera au Grand Cabaret du samedi pour une soirée tout en musique, lecture et chant. Elle présentera également au Salon du livre son tout nouveau recueil de nouvelles, Les traits difficiles, écrit en parallèle à ses projets au théâtre. Nous l’avons rencontrée pour en discuter.


Publié à 12 h 00

La dramaturge et comédienne n’a pas le souvenir précis d’avoir décidé « en pleine conscience » d’écrire ce recueil de fiction. Le premier depuis son roman La concordance des temps, paru il y a 13 ans.

« Ça s’est produit plutôt tout seul, dans le sens où j’écris toujours. Ça n’arrive jamais que je n’écrive pas », confie Evelyne de la Chenelière dans un café du boulevard Saint-Laurent. « Puis, il y a une sorte d’accumulation, de dépôt de matière qui se crée, dont je ne connais pas a priori la forme et qui parfois, tout à coup, va servir de matière au théâtre, mais parfois non. »

Entre ses calendriers rythmés par ses projets au théâtre, Evelyne de la Chenelière raconte que la pandémie est venue « favoriser un espace supplémentaire » pour ce qui a fini par prendre la forme d’un recueil de nouvelles, après de longues années d’écriture.

« L’écriture, c’est quelque chose qui rythme ma vie, mon quotidien, d’une façon irrégulière, mais qui la rythme tout de même », dit-elle.

C’est ma façon de vivre qui, finalement, fait qu’il y a toujours quelque chose en cours. Puis, selon les périodes, j’en prends plus conscience et là je m’y attelle presque comme une technicienne.

Evelyne de la Chenelière

« Un jeu d’échos et de reflets »

D’une manière ou d’une autre, toutes les histoires des Traits difficiles oscillent avec subtilité autour de la difficulté de vivre et de s’épanouir. Il y a ce sentiment de honte qui revient à plusieurs reprises – tantôt chez une enfant, tantôt chez une jeune femme. Il y a également ce malaise qu’elle préfère appeler « absence d’insouciance » et qui la trouble, quand elle la décèle chez un enfant.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Evelyne de la Chenelière

« Cette absence d’insouciance, je l’associe au fait d’être vivant. Mais c’est plus étonnant chez les enfants parce qu’on se construit des récits où l’enfance devrait être protégée, loin des inquiétudes. Or, ce n’est pas la manière dont j’ai traversé ma propre enfance, et je crois que les personnages que j’imagine sont globalement inconfortables et cherchent à nommer, à ouvrir cet inconfort pour peut-être l’observer. »

Au travers de formes d’écriture très variées, les 17 nouvelles du recueil explorent ces thèmes par l’intermédiaire de personnages qui en sont à des étapes différentes de leur vie. Comme « un jeu d’échos et de reflets », selon l’autrice et dramaturge.

J’avais envie que la forme rende compte justement de l’acharnement à dire et à redire les choses – mais d’une autre manière – parce qu’essentiellement, je vis l’écriture comme la recharge d’une impulsion qui est la même, mais dont la manière se modifie.

Evelyne de la Chenelière

« Je ressens vraiment le recueil comme un objet qui ne fonctionne pas seulement par assemblage, mais qui fonctionne par interpénétration, par une construction commune, ajoute-t-elle. Non pas par le truchement du sujet ou du thème, mais plutôt par la respiration et le mouvement du livre. »

En tant que lectrice, Evelyne de la Chenelière admet que ce qu’elle recherche elle-même, justement, c’est de « rencontrer » une langue qui va réussir à lui faire voir les choses et la faire respirer autrement.

« C’est pour ça que je dis souvent : pour moi, l’écriture et la lecture sont une activité physique. Et puis quand je rencontre ça dans un livre, ça ouvre ma cage, ça ouvre mes yeux, ça me désoriente, ça me dérègle, même si c’est un tout petit peu. C’est là, pour moi, la force d’une œuvre. »

Pour elle, l’écriture passe donc par le corps, que ce soit en littérature ou au théâtre. À l’évocation de ses projets de dramaturgie, Evelyne de la Chenelière s’anime soudain : à peine deux jours après la conclusion du Salon du livre, elle présentera la première de la pièce Zéro de conduite avec le metteur en scène Jérémie Niel, à Espace Libre. « C’est très librement inspiré du film [du même titre] de Jean Vigo où, dans un pensionnat austère, les enfants se révoltent. On a transposé ça à une réalité plus contemporaine, avec trois acteurs adultes et six acteurs enfants qui vont se révolter. Et le processus est formidable parce qu’on travaille à partir d’un canevas, mais aussi à partir d’improvisation très dirigée avec les enfants », explique-t-elle avec passion.

Quand on lui demande quelle a été sa plus grande fierté au cours de ses plus de 20 ans de carrière, elle répond après un temps qu’il s’agit plutôt d’une forme de joie. Celle d’avoir été, dans la mesure de ses moyens, le plus « authentique » possible. « Chaque processus de création dans lequel je me suis engagée, je l’ai fait vraiment avec tout mon être, avec un engagement total et sincère chaque fois », lance-t-elle.

En plus du Grand Cabaret du samedi (de 19 h 30 à 21 h), Evelyne de la Chenelière sera au pour dédicacer son livre, Les traits difficiles, dimanche de 14 h à 15 h.



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Les traits difficiles

Les traits difficiles

Evelyne de la Chenelière

Les herbes rouges

168 pages

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