Louise Dupré a voulu consacrer un triptyque aux « possibilités du poétique face à l’horreur ». Commencé avec Plus haut que les flammes (2010) et poursuivi avec La main hantée(2016), voici son troisième volet avec ses Exercices de joie. S’y déploie un mot presque tabou, la joie, en ces temps de dissolution, porté haut, au coeur de son coeur, battant le ralliement du vivant. On reconnaît ici une oeuvre majeure, pleine de maturité et offerte tel un aboutissement.
Comme s’il fallait encore le prouver, voici une oeuvre qui impose non seulement un souffle, mais aussi une voix authentique et particulière, reconnaissable dès l’abord, voix dont on a le goût constant d’entendre le vacillement, l’inquiétude et la douceur, l’immense mansuétude, volontaire, harnachée à se dire résolue à combattre la déploration.
Comme dans les deux premiers volets, la poésie se manifeste en vers libres et en prose. S’y entend « la douceur // comme une discipline / de combat // une charité à [s]e faire / à [s]oi-même. » Ce ton confidentiels’impose à travers un « tu » auquel s’adressent les textes, un « tu » qu’on entend comme l’autrice elle-même, mais aussi comme adresse à la lectrice comme au lecteur, mis dans le secret de cette inavouable « joie » recherchée : « Tu dis joie en pensant catastrophe. Tu aperçois le ciel en flammes, les nuages calcinés, et des essaims d’oiseaux s’écrasant au sol, ou peut-être s’agit-il d’anges habitués à garder les enfants durant la nuit. »
Et c’est sans doute le combat le plus doux qu’il nous ait été donné à lire depuis longtemps que cette revendication
[...] continuer la lecture sur Le Devoir.