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«Fa que»: se laisser vivre

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Autant la (Un pépin de pomme sur un poêle à bois, Prise de parole, 2011) manifeste avec éclat ce qu’on considère comme la poésie du quotidien, autant, par des aspects subtils, elle s’en éloigne avec élégance. Qualité, admettons-le, qu’on n’est pas porté d’emblée à associer à son oeuvre souvent brute, mal équarrie. Mais son Fa que se concentre sur des moments qui invitent à rêver le , à s’en élever avec tendresse, telle cette magnifique confidence d’un amoureux : « dans ma chambre sous le lit / j’ai gardé un petit morceau du / petit ruisseau où je l’ai / rencontrée // parfois je sors le petit ruisseau et / je le place précieusement sur le / plancher pour l’écouter couler ». Ainsi va l’entendement du monde, source d’un émerveillement tranquille.

Chez d’autres poètes, on tiquerait sans doute sur trop de légèreté, comme si, parfois, le poème n’était pas suffisamment resserré ; mais chez Desbiens, il y a un air de ne pas y toucher, de ne pas appuyer justement : « dimanche d’hiver / froid comme du verre // un poème / patine // les mains // dans le dos / sur // la glace mince / de la // page ». On n’attend pas Prévert chez lui, mais ce petit tour-là l’évoque.

Quant à la réalité crue, elle rejoint souvent une grande profondeur. Alors, parlant des conflits : « la guerre continue / partout comme / des feux d’artifice en / Jackson Pollock / dans la fenêtre et / dans ton lit / et // dans ton ventre ». La référence au peintre de l’expressionnisme abstrait donne ici une dimension nouvelle aux tragédies. Il faut lire aussi in extenso le beau poème sur une femme qui tranquillement se défile, découd les

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