Source : Le Devoir
Certains auteurs semblent immortels, d’autres sombrent dans l’oubli. Après un temps, qu’en reste-t-il ? Dans sa série mensuelle Faut-il relire… ?, Le Devoir revisite un de ces écrivains avec l’aide d’admirateurs et d’observateurs attentifs. Dans les rangs des politiciens québécois, particulièrement au XXe siècle, si on comptait beaucoup d’avocats et plusieurs hommes d’affaires, on ne pouvait en dire autant des poètes. Or, pendant des années à l’Assemblée nationale, Gérald Godin (1938-1994) a porté ce chapeau, et tant d’autres (journaliste, éditeur, professeur, etc.), avec panache.
À l’automne 1976, le Québec vivait au rythme d’une campagne électorale qui allait porter au pouvoir le Parti québécois de René Lévesque. La chose semblait improbable pour plusieurs, dont certains candidats, prêts à encaisser la défaite. Parmi eux, on comptait Gérald Godin (1938-1994), qui avait accepté d’affronter le libéral Robert Bourassa, alors premier ministre du Québec, dans la circonscription de Mercier. Mais sans se croiser les bras.
Si ses efforts furent récompensés — à la stupéfaction générale ! —, l’adversaire lui a aussi donné un coup de main. Godin racontait, amusé, que le candidat Bourassa avait distribué un de ses poèmes « avec des blasphèmes et des injures » à la sortie d’une église après la messe dominicale afin d’offusquer les électeurs. Résultat ? « [Ils] ont acheté mes poèmes, par après, mes livres. Loin de me nuire, la poésie m’a porté, si vous voulez. »
Dire qu’elle l’a porté comme député, puis comme ministre de l’Immigration minimiserait ses qualités de politicien. L’homme savait établir un contact puissant avec les gens qu’il rencontrait, et son humanisme
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