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«Fins de monde»: les petites apocalypses de Normand Baillargeon

Source : Le Devoir

« Normand Baillargeon, le nouvelliste, nous offre quelques réponses aux questions que l’on se pose trop peu. Par l’imaginaire, il se secoue le réel. Par la fiction, il nous rappelle quelques vérités des plus inconfortables », annonce David Goudreault dans la préface du premier recueil nouvelles, dont seulement trois des huit sont inédites, du chroniqueur du Devoir. Beau programme en perspective, non ? Sachez seulement que si vous vous attendez à des récits apocalyptiques, vous risquez de rester sur votre faim.

Certes, l’auteur flirte aisément, bien qu’il n’échappe pas aux airs de déjà-vu, avec la science-fiction, et nous envoie dans des univers dystopiques pour nous entretenir des catastrophes climatiques imminentes (« Un sourire ») et des limites de l’intelligence artificielle (« Crispr-Cas9 »). Il se moque aussi cruellement de notre dépendance à la technologie : « Sa montre donnait à cette manie un nouveau tremplin duquel s’envoler vers une meilleure santé. Il la consultait sans cesse, obsédé par l’atteinte de ses dix mille pas. » (« La montre »)

Lesfins de mondespromises par le philosophe, et c’est là qu’on peut mieux apprécier ses talents de conteur et son originalité, nous renvoient à des moments historiques, connus, méconnus ou fantasmés, où il est question de la mort, de la fin d’une époque, d’un mouvement.

Ainsi assistons-nous au dernier souffle du philosophe Blaise Pascal : « Blaise regarda sa main, dans laquelle il pense tenir son précieux document. Sa main est vide. La lettre est restée dans son lit. Il ferme les yeux. Il ne le sait pas, mais c’est pour la toute dernière fois. » (« Faim de vie ») Ou encore accompagnons-nous l’anarchiste Voltairine de Cleyre dans un moment charnière de son existence mouvementée : « J’imagine un autre monument, s’ajoutant au premier. Je vois des gens de partout venant s’y recueillir. Je vois des millions de travailleurs marchant en mai dans les rues du entier, continuant notre combat et se souvenant du nôtre et qui sait, de moi, eu peu… » (« Le menaçant murmure du destin »)

Malgré les différents genres et époques que l’auteur y explore, Fins de mondes s’avère un fascinant cours de philosophie d’une solide cohérence se déclinant en courtes leçons aussi singulières que déroutantes.

 

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