Paru en premier sur (source): journal La Presse
L’autrice de L’art de perdre, récompensé par de nombreux prix, explore de nouveau les questionnements identitaires dans ce titre de la rentrée littéraire.
Mis à jour à 12h00
C’est en Nouvelle-Calédonie qu’elle voyage cette fois-ci, et son récit fait écho à la crise politique et sociale qui secoue l’archipel depuis quelques mois. Après une rupture amoureuse, son personnage de Tass quitte la France, où elle passait la moitié de l’année, pour retourner définitivement chez elle, à Nouméa. Tandis qu’elle renoue avec ses vieilles habitudes et retrouve son poste d’enseignante, Tass fait une fixation sur deux élèves de sa classe, des jumeaux autochtones qui disparaissent du jour au lendemain. Il apparaît rapidement qu’ils seraient liés à un groupe indépendantiste local, alors qu’un nouveau référendum divise la population sur la question de l’indépendance.
Dans ce climat politique tendu, marqué par l’animosité ambiante envers la France et le départ de ceux qu’on appelle les métropolitains, les débats identitaires ainsi que les réflexions sur l’héritage colonial rejoignent les propres questionnements de Tass, qui s’interroge sur ses origines et ce qu’elle appelle son « western ancestral ».
C’est un sujet qui aurait dû nous interpeller, mais le ton détaché qu’emprunte l’autrice peine à susciter la moindre émotion. Résultat : on se désintéresse du récit à mesure qu’on avance dans la lecture. De la flamme qui nous avait fait vibrer en lisant son essai Toute une moitié du monde, on n’a trouvé aucune trace, mais plutôt une froideur qui rappelle son roman Comme un empire dans un empire. Au moins, Alice Zeniter aura réussi au passage à nous instruire sur l’histoire de l’archipel et à nous donner envie de découvrir ses beaux paysages.
Frapper l’épopée
Flammarion
352 pages
