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En 1945, Gabrielle Roy a fait paraître Bonheur d’occasion, qui lui vaudra le prix Femina deux ans plus tard. Ce roman âpre et dur décrit avec justesse la misère du quartier ouvrier Saint-Henri, à Montréal. Lise Gaboury-Diallo, professeure titulaire au Département d’études françaises, de langues et de littératures de l’Université de Saint-Boniface au Manitoba, nous fait connaître cette grande écrivaine canadienne.
Durant son enfance à Saint-Boniface, Gabrielle Roy fréquente l’école au moment où l’enseignement du français est interdit. « Gabrielle Roy était très forte autant en anglais qu’en français », précise Lise Gaboury-Diallo. Très tôt, elle veut écrire, mais ses parents lui suggèrent plutôt d’enseigner. « Quand on lit Ces enfants de ma vie, on se rend compte jusqu’à quel point elle aimait enseigner », fait remarquer Lise Gaboury-Diallo.
Gabrielle Roy envisage même d’embrasser une carrière de comédienne. Elle part étudier le théâtre en Europe, mais elle se rend compte que cet art n’est pas pour elle. « Elle a décidé de rester malgré tout, et pour subvenir à ses besoins, elle a commencé à écrire de façon très sérieuse. » Ses premiers textes sont alors publiés.
À la fin des années 1930, alors que la guerre approche en Europe, Gabrielle Roy revient au pays, mais elle s’installe à Montréal, où elle découvre le quartier Saint-Henri, un univers qui est loin du sien.
« Elle a pris tout le temps qu’il fallait pour justement observer les gens dans ce quartier. Ça a fait un roman [Bonheur d’occasion, NDLR] qui a eu énormément d’impact au niveau des lecteurs, un peu partout dans le monde, pas seulement au Québec. »
Ce premier roman connaît un immense succès : « C’est une œuvre très réaliste. Les gens pouvaient tout de suite s’identifier aux personnages, rappelle Lise Gaboury-Diallo. C’est le premier roman urbain, mais je dirais que c’est aussi un des premiers romans où on voit des personnages féminins qui sont en train de lutter contre cette misère. »
Pour ses romans suivants, l’auteure replonge dans ses racines et revient vers sa terre natale. Elle fait ce genre d’allers-retours entre le Manitoba et le Québec selon les livres.
Dans son œuvre, « le souvenir devient très important chez elle ». La frontière entre la réalité et l’imaginaire est très mince. Elle s’inspire beaucoup de sa vie.
En terminant, Lise Gaboury-Diallo parle de la maison de Gabrielle Roy à Saint-Boniface, qui a été transformée en musée, et pour lire ou relire l’auteure, elle recommande un livre essentiel.