Source : Le Devoir
« Les bons acteurs savent interpréter, mais les grands acteurs savent écouter », a sûrement déjà dit un metteur en scène célèbre. Emily Watson, connue pour ses rôles dans Breaking the Waves (1996), Punch-Drunk Love (2002) et la série télévisée Chernobyl(2019), relève certainement de la seconde catégorie.
Dans God’s Creatures, où elle interprète une mère de famille contrainte de composer avec les déboires de son fils, Brian (Paul Mescal), son silence et son sens de l’observation sont au coeur des scènes les plus mémorables.
Alors que la caméra s’attarde sur Watson, recluse et pensive, les montagnes russes émotionnelles que traverse son personnage ne se manifestent que dans son regard bleu perçant, empreint comme son environnement d’éclats de tristesse et de foudre. En silence, pensive, elle observe, encaisse les coups et les déceptions et tire des conclusions, donnant vie aux bouleversements qui s’agitent en elle, un facteur essentiel à la cohérence d’un film où l’ambiance et l’intériorité prennent le dessus sur la parole et l’action.
Aileen O’Hara (Watson) habite une maison chétive et faiblement éclairée dans un village de pêcheurs irlandais avec un mari peu chaleureux (Declan Conlon), un beau-frère catatonique (Lalor Roddy) et sa fille adulte (Toni O’Rourke). Le jour, elle oeuvre comme chef d’équipe à l’usine de transformation de poisson qui constitue le coeur économique du village. Son quotidien, aussi terne et étouffant que les nuages et l’humidité venteuse qui définissent son île, prend une tout autre couleur lorsque son fils adoré, émigré en Australie il y a plusieurs années,
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