Il est peut-être difficile, avouons-le, de prononcer le mot « Godzilla » sans pouffer de rire. On pense tout de suite à des films japonais aux effets spéciaux primaires, dans lesquels des monstres en latex « avec une fermeture éclair dans le dos », surgis de la nuit des temps, font trembler l’humanité.
Godzilla (Gojira, en japonais), le tout premier film, en 1954, d’une série de trente-six — jusqu’au Godzilla vs. Kong de 2021, qui en fait la franchise la plus longue de l’histoire du cinéma —, introduisait une sorte de reptile préhistorique, réveillé et contaminé par les essais des bombes à hydrogène dans l’océan Pacifique.
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Or, rappelle Alain Vézina dans Godzilla et l’Amérique. Le choc des titans, le film est né dans le Japon d’après-guerre, un pays encore traumatisé par les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki d’août 1945.
En ce sens, Godzilla porte une dimension métaphorique manifeste dans le Japon tout juste sorti de l’occupation américaine (1945 à 1952), où la censure a longtemps empêché les médias japonais d’évoquer les bombardements nucléaires ou même leurs conséquences.
Dans Godzilla et l’Amérique, l’auteur revisite le phénomène à la lumière des relations complexes entre le Japon et les États-Unis, faisant remarquer que les États-Unis pourraient aussi revendiquer la paternité de Godzilla, dans la mesure où ils ont indéniablement créé un contexte propice à sa naissance.
« Après l’occupation américaine et l’abolition de la censure, les Japonais vont enfin pouvoir s’exprimer librement », rappelle Alain Vézina, spécialiste de la littérature et du cinéma fantastiques,
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