Source : Le Devoir
« Avec combien de garçons as-tu couché ? Deux ou trois ? Je dois savoir. » Dans la scène d’ouverture de L’été dernier, nouveau film de Catherine Breillat qui nous parvient dix ans après Abus de faiblesse (2013), Anne (Léa Drucker), avocate à la protection de l’enfance, interroge froidement une victime mineure de viol, en larmes, fouillant les écueils de sa crédibilité.
Alors que l’on pense le ton fixé, Catherine Breillat brouille les pistes, et entraîne le spectateur dans le quotidien bourgeois et lumineux d’Anne, qui habite dans une maison de campagne cossue en banlieue parisienne avec son mari, Pierre (Olivier Rabourdin), et leurs deux filles.
La première scène, toutefois, n’est pas vaine. Comme elle nous montre la manière dont fonctionne le cerveau de l’avocate, mû par un rapport sinueux avec les faits, le reste du film se déploie intelligemment, dans un suspense à haute tension qui tire profit de la perversité autour de la notion d’abus, de justice et de vérité.
Alors qu’il multiplie les mauvais coups et que sa relation avec sa mère s’envenime, Théo (Samuel Kircher, juste), le fils adolescent de Pierre, issu d’une précédente union, est envoyé chez son père pour les vacances d’été. D’abord distant et méprisant, Théo se rapproche peu à peu d’Anne, tant que cette dernière succombe à son charme. Entre déni et découverte, leur passion s’enflamme, au point où tout menace de s’écrouler.
Catherine Breillat ne raconte rien de nouveau avec ce film. Et pourtant, sa caméra posée dans l’intimité des visages, la cinéaste détaille à travers le regard
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