Source : Le Devoir
« Je venais d’une famille minable. Je me préparais à le devenir moi aussi. On dit que la vie est un long fleuve tranquille, je pense que pour certains, c’est plutôt un ruisseau presque sec, fait d’eau qui croupit et qui pue. Mais il arrive que l’eau devienne torrent, puis que le torrent se fasse chute. Je m’appelle Ébène Boisvert. En 1944, sans bouée ni ceinture de sauvetage, je m’apprêtais à entrer dans la chute. »
Je t’écrirai encore, tout récent roman de Nicolas F. Paquin, est une histoire de fraternité, d’errance, de violence et surtout d’espoir d’accéder à une vie meilleure. Dans un échange épistolaire entre Ébène, « adolescent des ruelles et des trottoirs » qui aspire à devenir riche, et son frère Chénier Boisvert, qui « choisi[t] de rouler loin de l’ombre paternelle » pour devenir journaliste, c’est tout un pan de l’histoire et de la culture passéiste d’un Québec coincé sous le joug de l’Église qui nous est conté. Face à un père inculte et fermé, Chénier claque la porte et s’engage dans l’armée, espérant y devenir correspondant de guerre. C’est depuis ces vieux pays bombardés qu’il instruit son petit frère de l’avancement du conflit, des horreurs qu’il vit. Ébène, de ce côté-ci de l’océan, en analphabète fonctionnel, participe du mieux qu’il peut à cette correspondance tout en s’enfonçant volontairement dans le monde du crime, s’acoquinant avec quelques magouilleurs, prêt à tout pour se sortir de la maison paternelle. Sujet de prédilection de l’auteur, la guerre, notamment le conflit de 1939-1945, a maintes fois
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