Source : Le Devoir
Avant Jones, son troisième livre, l’écrivain montréalais Neil Smith, finaliste au Prix du Gouverneur général pour sa traduction de La déesse des mouches à feu de Geneviève Pettersen, n’avait jamais voulu explorer les blessures de son enfance. Refoulant sa colère, il avait préféré s’évader dans son monde imaginaire dans Big Bang (Les Allusifs, 2007), recueil de nouvelles où il flirtait avec différents genres, et Boo (Alto, 2015), roman où il mettait en scène un garçon de 13 ans se retrouvant dans l’au-delà. Puis, un jour, il s’est rendu à l’évidence, il devait coucher sur papier ce qui le tenaillait depuis tant d’années. En résulte un roman qu’on reçoit comme un coup de poing dans le plexus.
Ni autofiction ni roman autobiographique, Jones, que l’auteur dédie à la mémoire de sa soeur Gail, nous transporte des années 1970 aux années 1990 sur les traces d’une famille dysfonctionnelle de Montréal, laquelle, à l’instar de la famille Smith, a vécu dans différentes villes américaines. « La seule période au cours de laquelle Eli s’est senti en sécurité, c’est quand il était petit à Verdun. À l’époque, Pal buvait déjà comme un trou, mais pas encore comme un gouffre. »
Partout où ils emménagent, Pal, vétéran de la guerre de Corée, Joy, mère incapable de tendresse envers ses enfants, Abi, qui souffre de troubles alimentaires, et Eli, hypersensible, transportent avec eux de lourds secrets de famille leur collant à la peau : « Les mêmes bons vieux Jones qui habitent la même bonne vieille ville de Jones Town, dit
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